Aujourd’hui, avec Amir Khadir, j’ai fait la route vers Ottawa car je tenais à saluer une dernière fois Jack Layton. Nous nous sommes recueillis quelques secondes devant son cercueil. Nous avons rencontré des membres de la députation néo-démocrate. Puis avons écouté en silence la cérémonie du départ aux côtés de plusieurs centaines de personnes. Lorsque la caravane de voitures est passée devant moi, je n’ai pu retenir mes larmes. Je ressentais comme jamais auparavant la perte d’un politicien différent. Il nous quittait pour vrai.

Il y a des gens qui m’inspirent. Gil Courtemanche était de ceux-là. Avant lui, Madeleine Parent et Léa Roback. Beaucoup plus jeune, l’abbé Pierre, le héros de ma mère. Et puis Claire Bonenfant qui fut présidente du Conseil du statut de la femme. Aujourd’hui je pleure le départ prématuré de Jack Layton, un homme que l’on ne pouvait s’empêcher d’aimer et d’estimer.

J’ai eu mes désaccords avec lui. L’automne dernier, j’ai eu très peur que le projet de loi pour éliminer le registre des armes à feu soit adopté  à cause des hésitations du NPD. Mais j’ai respecté infiniment l’homme courageux, persévérant, optimiste, fier de ses convictions. Il n’a jamais perdu espoir en la capacité de ses concitoyens-nes d’avancer, de se mobiliser, de changer le monde. Pour cela surtout il va me manquer.

Assise ce soir sur mon balcon, je vois des familles entières s’amuser dans notre ruelle verte. Un beau projet collectif. Demain soir, commence une rencontre importante de la direction de Québec solidaire. Nous adoptons notre plan de travail pour l’année. D’autres combats nous attendent. Et toujours l’espoir de convaincre qu’il faut préférer l’égalité à l’injustice, l’ouverture à  l’intolérance, la solidarité à l’individualisme.

Merci monsieur Layton.

 

Françoise David

 Après quatre mois d’écriture et de voyages, me voici de retour. En très grande forme. Prête à être de tous les débats, de toutes les luttes et actions pour construire le Québec que nous voulons. Prête à publier mon livre.  Prête à affronter l’échéance électorale. Avec passion.

En ce beau mois d’août 2011, ce ne sont pas les débats qui manquent. Celui qui attire le plus l’attention en ce moment, c’est sans contredit le débat stratégique pour construire le pays. Depuis longtemps nous n’avions ressenti une telle effervescence. Certains diront : une telle cacophonie. Je reçois des courriels qui me parlent de coalitions. Toutes sortes de coalitions. Les souverainistes se cherchent une maison accueillante pour tous ceux et celles qui rêvent du pays.

Le Nouveau mouvement pour le Québec

Bien sûr, j’ai lu le manifeste du Nouveau mouvement pour le Québec. Avec curiosité et intérêt. J’y ai trouvé des idées fortes, la toute première étant que l’on bâtit un pays non pas contre un autre pays pour soi-même. J’aime ça! Deuxième idée forte : donner le crayon aux Québécoises et aux Québécois. Instituer des constituantes partout au Québec. Vous savez quoi? Cette idée a été adoptée par Québec solidaire lors de son congrès de novembre 2009. Je suis heureuse de voir le Nouveau mouvement pour le Québec s’en emparer avec énergie.

Un mode de scrutin proportionnel? D’accord aussi. Élections à date fixe : idem.

Comment donc, ne pas se sentir cousins de ce mouvement citoyen?

J’ai toutefois des questions. Le manifeste présente véritablement une vision démocratique pour le Québec. Pourtant la question de la décentralisation des pouvoirs vers les régions n’est pas abordée. Puis, outre l’importance de parler par nous-mêmes à l’échelle du monde, on ne sent pas encore « le pays de projets » dont rêvent tant de souverainistes. Le pays du Québec ne devrait-il pas être celui de la solidarité sociale, celui de la justice et de l’égalité? Celui d’un développement réellement viable? Ces choses-là ne devraient-elles pas être affirmées d’emblée?

Enfin, une certaine perplexité devant cette phrase : « Plus personne n’offre de véritablement progresser, soit en bonifiant l’offre nationale, soit en refondant notre lutte et notre action commune ». Plus personne? C’est comme si les auteurs du manifeste avaient oublié l’existence de Québec solidaire. Voilà un parti souverainiste qui n’hésite pas à parler du pays. À lancer le printemps dernier,  une campagne « Pour un pays de projets » qui prendra son envol cet automne. À défendre que nous devons déjà nous assurer d’être maîtres chez-nous par le contrôle de nos ressources naturelles et énergétiques. Un parti qui se préoccupe de la langue française et a apporté en avril dernier  28 propositions pour la faire progresser.

Malaise aussi hier en lisant l’article de Denis Monière, l’un des signataires du manifeste. Il propose la création d’un autre parti souverainiste. Un autre? Pourquoi? Ce parti de militants-es dont rêve monsieur Monière,  il existe! Mais je me répète…

Je souhaite plutôt le rassemblement des forces souverainistes. Dans un mouvement le plus large possible et autonome des partis politiques.   Cela n’empêche en rien ceux-ci de donner un appui à ce mouvement. D’y collaborer au besoin, de créer des complicités.

Je défends aujourd’hui une position personnelle car les discussions à la direction de QS auront lieu dans 8 jours. D’ici là, nous restons à l’écoute et nous réfléchissons.

De l’effervescence et des débats jailliront certainement des perspectives plus qu’intéressantes pour l’avenir du mouvement souverainiste. En tout cas, je l’espère vivement.

 

Françoise David

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