Je reviens de la marche nocturne de ce jeudi soir 17 mai à Montréal. Impressionnée par la force tranquille des manifestantes et manifestants. Par leur courage presque joyeux. Serein. Plusieurs m’ont remerciée d’être présente. Je leur ai répondu: « Vous êtes bien présents, vous aussi. C’est normal d’être là, ensemble ». Surtout ce soir alors que le Québec retient son souffle: on est vraiment rendus là? Là, dans une société qui ne veut plus reconnaître le droit à ses jeunes d’exprimer même pacifiquement leur désaccord avec l’une des mesures les plus impopulaires des dernières années?

La loi spéciale imposée par le gouvernement Charest est digne des pays où règnent des gouvernements autoritaires. Elle déploie avec une minutie machiavélique tous les dispositifs nécessaires pour faire « fermer la gueule » de tous ceux et celles qui s’opposent à la hausse des droits de scolarité et sont engagés dans une lutte sociale pour la combattre. Même les directions d’établissements d’enseignement doivent, sous peine d’amendes, répondre dans les délais prévus par la loi aux directives gouvernementales sur la reprise des cours. On nage en plein délire.

Jean Charest et son équipe agissent comme des monarques brutaux loin des règles élémentaires de la démocratie: le débat civilisé, l’acceptation des désaccords, la négociation pour les résoudre, le respect de la liberté d’expression et d’action pacifique, le droit d’association. L’heure est grave. L’heure est à la mobilisation collective.

J’appelle les citoyennes et les citoyens du Québec, dans toutes les régions, dans tous les mouvements sociaux, écologistes, féministes, communautaires, syndicaux, à se lever. Ensemble. Et à exprimer d’une seule voix leur colère, leur dégoût. Pacifiquement mais avec détermination. Le premier moment: la marche du 22 mai à Montréal.

La lutte étudiante n’est plus seulement étudiante. Elle nous concerne tous et toutes. Le combat à mener maintenant est celui de la démocratie.

Françoise David
Québec solidaire

Je sors de la conférence de presse organisée par des organismes communautaires, syndicaux, étudiants, membres de la Coalition contre la tarification et la privatisation dans les services publics. C’est cette coalition qui a organisé la manif de vendredi dernier, le 4 mai.

J’ai  rarement assisté à une conférence de presse aussi troublante, dérangeante. La petite salle du centre St-Pierre est bondée. Un public militant, bien sûr,  mais aussi des parents inquiets pour leurs jeunes. Il y a de la tension dans l’air.

Des infirmières, une syndicaliste, une organisatrice communautaire, la co- porte-parole de la CLASSE témoignent. Frappant : toutes des femmes. Il n’est pas fréquent de voir tant de femmes prendre la parole sur des incidents violents. Elles sont émues et graves. Ne s’emportent pas en entendant des questions  comme : « À la place des policiers, qu’auriez-vous fait devant des manifestants qui lançaient des projectiles? »

Je pense : «  Justement, elles ne sont pas policières! Infirmières, professeures, intervenantes communautaires, étudiantes,…pas formées à la pacification des foules! C’est le rôle de la police! » Et je ne puis m’empêcher de revoir des images qui m’ont frappée vendredi soir dernier à la télé : une clôture ridicule et une rangée de policiers loin derrière, espacés, l’air d’attendre que quelqu’un lance quelque chose. Puis, une clôture renversée, quelques projectiles lancés et l’anti-émeute qui arrive au grand galop. Gaze tout le monde sans discernement. Toute une organisation!!!

Retour à la conférence de presse

Des infirmières expliquent qu’elles ont soigné des blessés graves sans le moindre secours policier. En fait, il semble que ceux-ci ont plutôt retardé des ambulances. La vice-présidente de la FNEEQ explique que son organisation a été littéralement paralysée par l’intense fumée des gaz irritants. Impossible de quitter, les gens ne voyaient plus rien, aveuglés par les gaz, désorientés, malades et désemparés. Un gâchis total.

Une vidéo montre un jeune homme tenant une bannière. Il est visé par un policier. L’instant d’après, le jeune homme gît à terre, ensanglanté. Qui a tiré? Qu’a-t-il reçu à la tête? C’est le moment le plus éprouvant de la conférence de presse. Car ce n’est pas un film. On n’est pas à Séries Plus. C’est un vrai jeune de chez-nous qui est gravement atteint.

De quoi se poser toutes les questions du monde. Qui a préparé ce cafouillis? Qui a décidé de l’utilisation des balles de plastique, une arme potentiellement dangereuse? Pourquoi cette riposte visiblement disproportionnée à des incidents sérieux mais  mineurs, du moins au début?  Pourquoi la police semble-t-elle incapable de distinguer entre des éléments perturbateurs et l’immense majorité des personnes qui manifestent pacifiquement? Qui a intérêt à brimer ainsi le droit de manifester démocratiquement?

Une enquête publique et indépendante de la police s’impose. Ne demandons pas cela à un autre corps policier, personne ne croira en son impartialité. La situation est sérieuse, on parle ici de 400 blessés. Y compris quelques policiers.

Amir Khadir, député de Québec solidaire,  a présenté aujourd’hui  une motion en ce sens à l’Assemblée nationale. Elle a été refusée par le parti libéral. Sommes-nous vraiment surpris?

Cette enquête devra pourtant avoir lieu, avec ou sans le Parti libéral. On ne joue pas avec la démocratie, avec la santé et la sécurité des gens qui manifestent. Vivement le rendez-vous électoral!

Françoise David

 

Lundi soir prochain, le 14 mai, aura lieu un événement rare dans le monde politique : un 5 à 7 poétique, dans un bar célèbre de la Petite-Patrie, le Petit Medley. De quoi s’agit-il?

J’ai décidé, avec l’appui de mon association locale, d’organiser une petite soirée à l’enseigne de la poésie. Une soirée de financement pour ma campagne électorale. Mais surtout un beau moment d’écoute et de partage autour de poètes et d’écrivains qui mettent des mots sur nos états d’âme. Qui sont-ils?

D’abord, Brigitte Haentjens, formidable metteure en scène et auteure. Son dernier livre « Une femme comblée » est une petite merveille. Écrit en vers, le livre raconte un amour foudroyant et voué à l’échec. Une femme d’âge mûr aime un jeune homme et ne sait comment échapper à ce sentiment qui l’envahit tout entière. Brigitte Haetjens nous lira quelques passages de ce beau livre. Thomas Hellman est un auteur-compositeur interprète à la voix d’or. Je l’ai rencontré au combat des livres où il défendait courageusement le livre « L’homme invisible » de l’auteur franco-ontarien Patrice Desbiens. Un beau livre sur l’identité. L’audace de Thomas m’avait impressionnée. Je l’ai ensuite entendu lire des textes et chanter à la 5e salle de la Place des Arts. Un rêve! Thomas Hellman est un homme de culture, de mots magiques, tout en sensibilité. Il vous plaira!

Paul Bélanger, poète, auteur d’une dizaine de recueils, est aussi professeur en littérature à l’UQAM. Il est le directeur apprécié et persévérant de la maison d’édition le Noroît qui publie de la poésie québécoise. Il viendra lui aussi partager ses mots et ses images fabuleuses avec nous. Amir Khadir est député mais aussi amoureux de poésie. On l’a vu dans des discours électoraux réciter du Godin ou du Miron! Lundi prochain, il nous lira un poème perse, issu de la magnifique tradition littéraire iranienne.

Et puis, nous demanderons aux personnes présentes de nous lire un poème de leur choix. Bref, une heure trente de pur bonheur pour rechercher les batteries, comme on dit!

Ça se passe au Petit Medley, rue St-Hubert, coin Bellechasse, le 14 mai, à 17 heures. Il faut s’inscrire sur le site de Québec solidaire. Coût des billets : 50$ (30$ pour personnes à revenu modeste). On paie à la porte.

Venez vous faire du bien!

Françoise David

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