Un fois n’est pas coutume, j’aimerais vous faire partager sur mon blogue le témoignage très inspirant que m’a envoyé Hugo Latulippe, cinéaste et auteur québécois, depuis le Forum social mondial de Dakar. Bonne lecture à toutes et tous!

Toute la semaine dernière, entre les sessions et ateliers de la ruche babélienne du Forum Social Mondial de Dakar, j’ai plusieurs fois « googlé » l’acronyme FSM pour lire ce qui s’écrivait sur nous en direct, dans les pages des grands quotidiens du monde. En tête de liste, Google s’obstinait à me suggérer le même article de Wikipédia : « FSM : Forces sous-marines, l’une des quatre grandes composantes de la marine militaire… » J’ai commencé par ne pas noter la beauté de la chose. Mais ils avaient raisons ces gestionnaires du hasard technotronique. Le peuple du FSM est effectivement une famille de l’en dessous. Une nébuleuse qui couve le feu.

Une famille

Dans cette smala parfois improbable, il y a en fait deux sortes d’artificiers. Il y a bien sûr les mangés tout crus, largement majoritaires ; les paysans du sud, les femmes africaines, les refoulés de père en fils, les va-nu-pieds de Palestine, du Tibet ou des nations aborigènes d’Amérique, les torchés vivants du capitalisme chinois, les pollués des tous les bords de la machine industrielle, les usés jusqu’à la corde des zones franches, etc. On comprend qu’ils soient là, eux. Ils ont tout intérêt à s’unir pour contrer la blitzkrieg de l’Homme blanc et son projet de terre brulée.

Et puis il y a les gens plus joufflus, minoritaires ici ; ceux qui viennent des régions « crème chantilly » du globe. Ceux qui ont pigé les meilleurs jetons de la loterie géographique. Dans leurs royaumes nordiques, ils se sont retrouvés parmi les 5% d’habitants les plus riches de la terre, sans même lever le petit doigt.

Alors, que font-ils ici ceux-là ? On peut raisonner et dire : « c’est normal, franchement, de partager un peu sa chance ! » Oui, mais il y a autre chose, puisque peu de gens de New York, de Zurich, Londres ou Paris prennent la peine de venir ici, finalement. Qu’est-ce qui mène les joufflus ici ? Un penchant irrationnel (romantique ?) pour le perdant de la loterie, peut-être. Ou alors c’est un feu. Inextinguible, vieux comme le temps. Un instinct de combat, perpétuel. Les joufflus qui sont ici sont peut-être convaincus que l’époque doit (et peut !) être basculée.

2 mamies

Je me pose ces questions en admirant deux belles mamies brésiliennes, dans la jeune soixantaine, clairement issues des classes bourgeoises, qui animent un atelier à propos du prochain sommet de Durban en 2011. C’est l’après-midi africain, il fait chaud dans les locaux de l’université. Malgré la lourdeur des nécessaires traductions en trois langues, malgré le chaos général de cette assemblée qui a tout du bordel, les deux mamies parviennent à faire respecter les temps de paroles de chacun, à nous ordonner l’indignation, à stopper la logorrhée des Français, à calmer le chaud du sang des Italiens, à minimiser les syndicalistes Américains ou à modérer le communisme des étudiants mexicains qui ont découvert Trotski la semaine passée…

Elles président l’assemblée familiale comme des reines. Les deux mamies ont l’habitude de ce boucan. Elles ont plus d’une assemblée dans le corps. Avec une fermeté presque sensuelle, elles parviennent à discipliner l’indisciplinable. Elles sont terriblement belles. Je dirais même qu’elles sont sexy. Elles font un travail remarquable, à bout de voix, pour que nous accouchions de résolutions conséquentes avant la nuit. On dirait qu’elles en font un enjeu de vie ou de mort. Mais elles nous appellent chéri, darling, corazon.

Je repense à mon ami Stéphane Imbeault, prof de philo au cégep de Rimouski. Lui, il saurait me dire. Que font-elles ici, ces mamies joufflues Stéphane ? Elles doivent pourtant être bien à la maison, sur les hauteurs de Rio ou de Sao Paulo, emmitoufflées dans leurs exceptionnelles exceptions. Or, leur cœur penche pour l’avalé des avalés. Pourquoi ?

Je suis certain que tout le monde se fixe des objectifs en les regardant. Comme moi, tout le monde doit se demander s’ils en font assez, s’ils le font avec assez de détermination ou alors avec assez d’amour… Pour ma part, autant les récits héroïques des paysannes qui portent le Mali à bout de bras m’inspirent le combat jusqu’à la fin des temps… autant ces deux mamies brésiliennes nées dans le même confort que moi me forcent à me mettre en marche. Elles sont la poursuite des Lumières. Elles sont en quelque sorte l’incarnation des poèmes de Neruda, de Withman ou de Darwich. Elles incarnent la cohérence humaniste. La droiture nécessaire, essentielle à cette époque. Je suis un fan fini de ces mamies. Je les suivrais n’importe où.

Il faut bien le dire, en ce moment, dans les Forces, tout le monde rêve d’être Brésilien. On dirait qu’ils ont pris de l’avance sur l’humanité. Comme les Boliviens d’ailleurs. Au FSM de Dakar, on parle beaucoup brésilien et espagnol dans les rues. Comme si ces langues de charme permettaient d’inverser l’histoire. L’Amérique latine de Morales, de Lula et des deux mamies y est pour beaucoup dans ce mouvement altermondialiste. C’est elle qui a accueilli la plupart des grandes manifestations internationales du mouvement et qui a accouché des premières victoires… Peut-être qu’aux prochains Forums, nous voudrons tous parler arabe ?!

10 ans d’amour planétaire

Voilà donc plus de 10 ans que notre famille bipolaire se fréquente. 10 ans que notre union stratégique d’artificiers Nord-Sud fait sauter des murs et bâtit des ponts. Sur le campus de l’Université Cheikh Anta Diop, je marche dans cette foule de gens venus de 130 pays et je me demande qui peut revendiquer une aussi belle famille que la nôtre, plus complète ? Désormais composée de chefs d’États d’Amérique du sud, de paysans burkinabés, de soixante-huitards qui n’ont jamais renoncé, de jeunes suédoises écolos en jeans bio, de parias indiens et de moins que rien africains, de militants broches à foins des quatre coins, de rastaquouères de la côte ouest américaine, de réfugiés politiques, d’intellectuels à la hauteur, d’universitaires courageux et de poètes ?

C’est certain ; si Victor Hugo, Simone de Beauvoir, Gandhi, Léo Ferré, Malcom X, Rosa Park ou Hannah Arendt vivaient encore, ils seraient avec nous, ici, en train de fomenter, au sein des forces sous marines.

*

Le Forum social mondial est le Noël des altermondialistes, l’occasion de se rasséréner le ponpon-révolution. De célébrer. On y boit ensemble. On porte des toasts à des choses impossibles, comme le renversement des dictatures immuables, par exemple. Et puis soudain, comme par magie, à l’autre bout du monde, les révolutions se font simultanément. Au dernier jour du FSM de Dakar, une foule réunie pour entendre les conclusions des tables de convergeance du forum, a appris en direct le départ d’Hosni Moubarak du palais présidentiel égyptien. À côté de moi, deux vieux paysans du Maghreb sont tombés à genoux. Je les ai vu pleurer, la tête plongée dans leurs mains caleuses de travailleurs.
Pleurer et finalement s’embrasser. Enfin.

Sur le moment, il nous a semblé qu’un parfum de jasmin traversait le monde entier. Il nous a semblé que toutes les révolutions à faire étaient possibles. J’ai entendu l’élue des verts au parlement européen, la franco-norvégienne Eva Joly s’écrier : « 50 ans de néolibéralisme économique, c’est très peu. La parenthèse achève ! »

Tunis-Dakar-La Paz

Parmi nous se trouvaient des centaines de jeunes tunisiens et égyptiens pour rappeler que les forces sous marines de chez eux, réunies et alimentées depuis 2004 par les forums régionaux, ont joué un rôle central dans la mise au monde de leurs révolutions. Incidemment, Evo Morales s’est aussi présenté ici comme un « élève des forums sociaux ». Lula Ignacio Da Silva dira la même chose.

Les forces sous-marines avancent. Il faut célébrer quand les choses avancent. Il faut être capable de le voir. C’est important pour le moral des peuples, le moral des majorités. Les Brésiliens ont compris cela. Ils savent se réjouir. Les forums sociaux servent aussi à goûter l’arak, les mojitos et les shooters au gingembre équitable. On se rassure, on se pince, on se touche. On existe vraiment. Et on est sacrément nombreux et puissants. Le feu est bien vivant. Il vient de loin et s’inscrit dans une histoire, une cohérence.

Cette année est celle où les forces prennent conscience de la profondeur de leur vague. Nous sommes des millions à partager cette conviction très simple ; la richesse matérielle n’est rien, les liens qui nous unissent les uns aux autres sont tout. Comme Thomas Sankara, nous aspirons à quitter ce monde en ne léguant qu’une bicyclette.

Les grandes questions qui nous unissent

L’État ne fait pas son boulot d’État. Le privé avance et son emprise n’est pas une bonne idée. Globalement, les paysans s’appauvrissent. La Terre aussi. Et nous ne voulons pas cela. L’argent des peuples est dévié par des voleurs en complets vestons dans les paradis fiscaux du grand banditisme. Nous ne voulons pas cela. On pratique une politique de chasse à l’homme honteuse sur les frontières de l’Empire. Les changements climatiques feront sortir les océans de leur lit si on ne change pas nos manières d’occuper la terre.  Les grandes compagnies d’extractions se comportent comme des sauvages en Afrique et en Amérique du Sud. Nous ne voulons pas cela. La dette des pays pauvres continue de tenir des peuples entiers dans la misère. La politique d’Israël en Palestine est aussi inacceptable que l’apartheid sud africain. Etc.

Au fond, ce qui nous lie est cette intuition qu’au-delà de la crise avérée d’un modèle de société globalisé, nous vivons une crise de la civilisation. Comment faire pour changer le cap? Comment infuser la politique de nos pays nordiques pour qu’il y ait d’autres Brésil, d’autres Bolivie ? Est-ce que nos petits gestes quotidiens suffisent ? Probablement pas. Mais comme l’a écrit Edgar Morin, qui s’y connaît bien en résistance : « il ne faut jamais minimiser la portée du petit geste ».

À la prochaine fois

Sur le chemin du retour, je croise de nouveau l’Homme blanc en complets gris-MBA. Des Africains en complets gris-MBA les ont reconduits à l’aéroport. De nouveau, ils se sont vendus des porte-avions, des crédits de carbone, des barils de BPC à enfouir, des actions sur la prochaine catastrophe humanitaire. Pendant que nous fêtions, les princes internationaux ont fait des affaires avec les princes locaux. Dans leur langues-marchandises, avec leurs mots-camouflages appris à la même école du cannibalisme et du marketing. Ils se sont une fois de plus échangés ces richesses qui ne leur appartiennent pas.

Ils vont bientôt tenter de nous coloniser les cellules, de nous brader l’ADN, de ranger nos confins inestimables dans des comptes secrets en Suisse si on ne dit rien. Ils vont encore nous prêter à gage, nous engager pour trois générations, nous marcher sur les pieds et sur ceux de nos enfants si on ne dit rien. Ils vont encore profaner l’héritage des anciens et occuper l’espace politique dans nos parlements si on ne dit rien.

Il faut parler. Plus. Occuper l’espace comme des mamies brésiliennes. Je les croise justement sur le tarmac de Dakar, par hasard… Au moment de disparaître dans leur aéronef, elles rigolent encore. Les forces sous-marines montent dans ces avions qui les remènent à Rio, à Montréal, à Londres, à Genève, à Kinshasa, à Delhi. Aujourd’hui déjà, elles ont retrouvé leurs habits quotidiens, à l’ateliers, à l’usine, au parlement, dans leurs studios, leurs rues, leurs agoras.

Et l’histoire du feu se poursuivra. Les révolutions se feront, car les révolutions finissent toutes par se faire. (Et chaque fois, les forces sous-marines y seront pour quelque chose).  Rendez-vous à Montréal, en 2013 ?

Hugo Latulippe

 

François Legault est fidèle à lui-même et aux idées qu’il a défendu comme Ministre de l’éducation sous le gouvernement Bouchard. Il nous revient avec un axe central dans sa conception des services publics : Il en faut mais encore plus performants. Pour cela, il veut bousculer sérieusement des habitudes qu’il perçoit comme corporatistes et des conventions collectives trop contraignantes à ses yeux. Ses recettes sont largement inspirées en cette matière d’expériences étatsuniennes franchement peu convaincantes. Monsieur Legault devrait commencer par convenir que nos écoles publiques manquent singulièrement de ressources humaines pour appuyer des enseignants-es  surchargés. De plus, lorsqu’ un enfant sur deux, à Montréal, a besoin d’aide alimentaire à l’école, ne devrions-nous pas comprendre que les inégalités sociales et la pauvreté  viennent contrecarrer singulièrement les efforts des professeurs? La question des inégalités sociales, visiblement, ne fait pas partie des préoccupations de monsieur Legault puisque son manifeste ne contient pas une seule ligne sur ce sujet.

Pour le reste, le document apporte une vision défaitiste de la situation québécoise et peu de solutions audacieuses. Il nous propose de renouer avec le goût d’avancer. L’aurions-nous perdu? À mon avis, pas du tout. Si bien des Québécois-es, ces temps-ci, s’élèvent contre des projets économiques c’est bien parce que ceux-ci sont destructeurs au plan environnemental et socialement peu intéressants. C’est le cas des mines à ciel ouvert, des lignes à haute tension d’Hydro-Québec sur des terres agricoles, du projet pétrolier Old Harry dans le golfe St-Laurent, des gaz de schiste. Un nombre grandissant de citoyennes et de citoyens réclament un autre développement, vraiment viable, résolument vert, respectueux des communautés, créateurs d’emplois durables. Les gens sont en colère et le manifestent. On voit apparaître de plus en plus de comités locaux qui se regroupent dans des cadres informels, utilisant le web comme mode de réseautage. Voilà qui est très prometteur!

Je ne partage pas le défaitisme de François Legault. Ni sa volonté de passer à autre chose en affirmant que la question de l’avenir politique du Québec n’est plus à l’ordre du jour. Un peu d’audace et de persévérance, que diable! Nous ne sommes pas à la toute veille d’un changement constitutionnel majeur mais ce n’est pas une raison pour  cesser d’en débattre avec nos concitoyens-nes! À Québec solidaire, nous mettons en avant une nouvelle façon d’avancer dans la réflexion sur le Québec que nous voulons : une assemblée constituante, un moment d’intense réflexion sur le statut politique du Québec et un projet de constitution.

Et puis, comment nous assurer de protéger la langue française dans un Québec fortement minorisé au sein de la Fédération canadienne? Un Québec qui subit les assauts de la mondialisation, en particulier dans des milieux de travail qui s’anglicisent à grands pas? Le gouvernement d’un Québec indépendant et complètement maître de ses politiques linguistiques ne réussirait-il pas mieux à valoriser le français partout?

Enfin, même si François Legault n’aime pas se faire dire qu’il est à droite de l’échiquier politique, son jupon dépasse lorsqu’il propose que l’État québécois établisse un climat résolument favorable aux investissements privés. Moi qui croyais que le Québec était déjà le paradis des investisseurs! Et qu’il faut surtout exiger davantage de nos grandes entreprises, elles qui paient si peu d’impôts et de redevances dans le cas des minières. Décidément, François Legault et moi ne faisons pas la même lecture de la réalité.

Ce manifeste est-il donc inutile? Je ne le crois pas. Il amène plusieurs acteurs politiques à se situer. C’est ainsi qu’aujourd’hui, 23 février, dans un quotidien de Montréal, Pauline Marois dit retrouver dans le manifeste « les orientations que nous avons défendues déjà depuis longtemps comme gouvernement » pendant que Marc Laviolette et Pierre Dubuc du SPQ-libre, considèrent le modèle économique prôné par François Legault comme néolibéral. Intéressant! Aurions-nous là une confirmation de ce que plusieurs d’entre nous pensons depuis longtemps: le Parti québécois, quoique traversé par des courants progressistes, s’inscrit depuis nombre d’années dans la logique néolibérale d’un État minceur et d’une économie dérèglementée.

Où se trouve donc le vrai changement, celui que beaucoup de Québécois-ses appellent de tous leurs vœux? À Québec solidaire. Un parti qui ne louvoie pas, qui affirme clairement ses couleurs, qui propose un Québec vert et juste dans le cadre d’un État souverain à construire dès maintenant.

Françoise David

Joie et détermination. Voilà les sentiments qui s’exprimaient cet après-midi, 12 février, lors d’une marche réunissant des centaines de Québécois-es d’origine tunisienne, égyptienne, algérienne, marocaine et autres.  Amir et moi étions présents pour témoigner de notre solidarité et de notre affection à tous ces gens à la fois heureux, combatifs et inquiets.

Heureux car dans deux pays, des jeunes et des moins jeunes ont vaincu leur peur et forcé des dictateurs à « dégager ». Tous les espoirs semblent permis pour la suite des choses, non seulement chez-eux mais dans des pays voisins.

Combatifs : c’était le plus beau.  Nos compatriotes d’Afrique du nord et du Proche-Orient sont déterminés à soutenir celles et ceux qui, dans leur pays d’origine, continuent de se battre pour la liberté

Inquiets  car rien n’est acquis. Une fois les manifs terminées, les peuples craignent de se faire voler leur révolution. Il y a effectivement de quoi être inquiet et parions que leur vigilance sera extrême.

À la fin de la marche, Amir et moi avons adressé quelques mots aux personnes présentes. Nous les avons remerciés  puisque les gens de leurs pays en lutte nous inspirent pour nos propres combats.  De voir des populations entières dans la rue peut donner des idées, non? Nous les avons aussi assurés d’un soutien indéfectible car leur lutte pour la démocratie, la justice et la liberté est exemplaire.

De retour chez-moi je ne peux m’empêcher de penser à tout ce que j’ai lu et entendu depuis septembre 2001 sur les populations arabo-musulmanes. Combien de fois ai-je répété  qu ‘on peut être musulman sans être extrémiste?  Combien de fois ai-je dit que ces peuples d’Afrique du nord - qu’au fond, nous connaissons peu et mal- rêvaient sans doute de liberté et de justice autant que nous? Ne sont-ils pas en train de prouver au monde qu’ils sont prêts à donner leur sang  pour la démocratie, la liberté d’expression, la lutte contre la corruption, etc. Se pourrait-il qu’enfin nous les regardions avec plus de respect, sur la base d’analyses un peu plus subtiles et justes?

Une belle journée, vraiment!

Françoise David

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