Québec solidaire a tenu la fin de semaine dernière l’un de ses plus beaux congrès. Beau pourquoi? Non seulement par le choix des thèmes traités mais par l’extrême maturité des débats. Car, des débats, il y en a eu et beaucoup! Nous avons réussi à les tenir dans un climat de respect tout à fait exemplaire.

C’est ainsi que nous avons réaffirmé notre attachement au projet de pays qui doit être en même temps un pays de projets. « Non pas un pays sans bon sens mais une terre où fleurissent la justice, la paix, le respect de la nature, l’affirmation d’une culture unique et métissée où prime le français, l’égalité entre les femmes et les hommes, l’inclusion et la solidarité avec les peuples des autres pays ». Voilà ce que j’ai expliqué dans mon discours de clôture. Nous avons proposé une voie rassembleuse pour rallier le peuple québécois à ce projet. La mise sur pied d’une assemblée citoyenne, appelée assemblée constituante. Elle sera élue au suffrage universel et devra organiser les réflexions et les débats collectifs menant à l’adoption d’une constitution pour le Québec de même qu’à une décision sur son statut politique.

Ces décisions sont partagées par une importante majorité des membres de Québec solidaire mais pas par tous-tes. Il m’est donc apparu important de m’adresser à ces membres hésitants sur le choix de l’indépendance pour leur offrir de poursuivre le dialogue et les discussions.

Nous avons aussi parlé abondamment de laïcité. Nul doute ne doit exister à ce sujet : la position de QS est de prôner un État et des institutions résolument laïques au Québec. C’est ensuite que les discussions commencent. Ce n’est pas étonnant! Si vous avez lu le plus récent numéro de la revue l’Actualité, vous aurez constaté qu’il n’existe aucun État occidental complètement et absolument laïque. La France si souvent citée, subventionne les écoles privées religieuses à hauteur de 80% de leurs coûts de fonctionnement. Et nous qui dénonçons le financement par l’État québécois des écoles privées à hauteur de 60%!

Qu’avons-nous donc adopté à Québec solidaire?

-Un État et des institutions publiques laïques
-La poursuite du processus de laïcisation. Par conséquent, un large débat public impliquant toute la population et se terminant par l’adoption d’une politique d’État claire.
-L’interdiction de symboles religieux lorsqu’ils apparaissent clairement en contradiction avec le principe de la laïcité de l’État. Par exemple, que fait un crucifix au-dessus de la tête du président de l’Assemblée nationale?
-La possibilité pour des agents-es de l’État de porter des signes religieux mais dans le cadre de balises qui devront être précisées concrètement : ces signes de doivent pas servir d’instruments de prosélytisme, le fait de les porter ne doit pas constituer une rupture avec le devoir de réserve, ils ne doivent pas entraver l’exercice de la fonction ou contrevenir à des normes de sécurité.

C’est au terme d’un long débat que ces positions ont été adoptées. Nous avons convenu de les poursuivre car les balises adoptées doivent nous aider à répondre à des questions comme : à qui s’applique le devoir de réserve sur le plan religieux dans les services publics et la fonction publique? Jusqu’où cela va-t-il?

D’autre part, à Québec solidaire, nous croyons que cette discussion sur le port des signes religieux dans les services publics n’est qu’une des facettes d’un débat bien plus global sur la laïcité. Les recommandations du Mouvement laïque québécois (disponibles sur leur site) pour aller vers un Québec résolument laïque nous le rappellent. En passant, je viens de lire ces recommandations. Nombre d’entre elles m’apparaissent tout à fait pertinentes. Pour d’autres, je crois qu’elles méritent d’être débattues.

Finalement, le congrès de Québec solidaire a adopté des positions significatives sur les relations entre la nation québécoise et les nations autochtones, sur un appui au peuple palestinien, sur les changements nécessaires au mode de scrutin et sur la régionalisation des pouvoirs vers les régions. Sur cette dernière question, nous sommes allés plus loin que tout autre parti politique dans la reconnaissance du besoin des régions du Québec de prendre en mains leur développement.

Les décisions du congrès de QS seront bientôt disponibles sur le site. Pour l’instant, nous savourons le bonheur d’avoir démontré que la gauche est capable d’unité dans le respect de divergences inévitables. Nous avons aussi fait la preuve que des débats riches et intenses peuvent se tenir sans sombrer dans les insinuations, les accusations, voire la diffamation. Cela nous change des débats (?) parfois mesquins qui ont cours dans les médias et sur internet dès que des questions comme la laïcité ou les accommodements sont abordées.

Au terme de ce premier congrès de programme, nous avons convenu de « continuer le combat » (air connu..) avec patience et passion, avec le dur désir de durer. « Avec, chevillée au cœur la conviction que le Québec choisira la liberté en même temps que l’inclusion, la prospérité en même temps que la justice, la nature, le français, la culture. Le Québec choisira Québec solidaire ».

On apprenait plus tôt cette semaine que le Parti québécois accueillerait à bras ouverts les désormais ex adéquistes Marc Picard et Éric Caire, sous condition de « discussions sur certaines orientations politiques, notamment sur la souveraineté ». Monsieur Caire a pourtant bien indiqué que l’ADQ n’était plus assez à droite pour lui! Et madame Marois de nous dire que le Parti québécois réunit des gens de gauche et de droite. Nous l’avions remarqué. Mais qui mène vraiment?

Parler des deux côtés de la bouche est devenu un art pour les ténors péquistes : un jour social-démocrate, l’autre néolibéral. Un jour, les membres prônent la nationalisation de l’éolien (mais le chef refuse!), l’autre jour on effectue des coupures draconiennes dans la santé au nom du déficit zéro. Et le surlendemain, on baisse les impôts des plus riches. Dernièrement, le PQ parlait d’exploiter le gaz naturel dans le St-Laurent sous prétexte d’indépendance face au pétrole. La géothermie, le solaire, l’éolien, vous n’avez jamais entendu parler? Comment voulez-vous que les citoyens s’y retrouvent? Nous vivons une période de désenchantement vis-à-vis de la chose politique. Il est du devoir des politiciens de répondre à ce cynisme par la clarté et la cohérence. Force est de constater que la direction du PQ manque cruellement à ce devoir.

On nous répondra que le PQ a toujours été une coalition composée de gens de droite et de gauche dont l’objectif ultime est la souveraineté. Ce parti a pourtant déjà eu « un préjugé favorable aux travailleurs ». Il a élaboré une loi sur le zonage agricole, l’assurance-automobile, une loi anti-scab. Mais aujourd’hui la coalition péquiste craque de partout. Constatant les contorsions idéologiques du PQ, de plus en plus de souverainistes progressistes joignent les rangs de Québec solidaire, pour faire du Québec un pays solidaire, vert, qui « prend soin de son monde. » Lors de son tout premier Congrès d’orientation qui se déroulera les 20, 21 et 22 novembre prochains, Québec solidaire confirmera qu’il est le seul parti qui a une vision claire et cohérente pour l’atteinte de la souveraineté. Au même moment, le PQ tiendra son colloque sur – hasard ? – les mêmes sujets. À l’issue de cette fin de semaine, les souverainistes auront donc le choix entre un parti qui a une vision de la souveraineté sans projet social et un autre qui offre une vision de la souveraineté généreuse, ouverte à la diversité, ancrée dans les réalités d’aujourd’hui.

D’abord, les élections municipales. Gros problème : l’absentéisme des électrices et électeurs. La démocratie n’y gagne rien. Mais, au fait, pourquoi les gens ne vont-il pas voter ? À Montréal, nous aurions pu aller faire un grand ménage !

Il faut savoir ceci : durant la semaine qui a précédé le jour J, de nombreuses personnes m’ont indiqué leur désarroi : pour qui voter ? Tremblay, le roi du « Je ne savais pas » pendant que Montréal était vendue aux promoteurs ? Harel, qui s’est alliée à un parti de droite, gangrené lui aussi par la corruption ? Bergeron dont les opinions sont parfois bizarres (sur Drapeau, l’itinérance d’été, la « haine » de la voiture) et qui prétend avoir une théorie sur tout ?

Je crois que plusieurs sont restés chez-eux, trop perplexes. Dans certaines municipalités où les enjeux étaient plus clairs, le taux de participation a été plus élevé. À Boisbriand (51%) ou à Swawinigan (52%), par exemple. En passant, à Shawi, c’est le président du Conseil central (CSN) qui a été élu. Bravo !

Réjouissons-nous tout de même de l’élection de plusieurs candidats-es de Projet Montréal et de certaines personnes affiliées à Vision Montréal. Souhaitons que ces deux partis puissent élaborer des alliances stratégiques sur des questions sociales ou environnementales. Montréal ne s’en portera que mieux.

Et vous, êtes-vous allés voter ?

Parlant d’alliances, depuis sa fondation, Québec solidaire répète qu’il est ouvert au dialogue avec le Parti Québécois sur certains sujets et dans certaines circonstances. On ne peut pas dire que le téléphone a sonné souvent ! Tout de même, nous nous côtoyons aux rencontres du Conseil de la souveraineté. Les dirigeants du PQ savent donc depuis des mois que QS tiendra un congrès sur la question nationale, l’intégration citoyenne et le renouveau des institutions démocratiques les 20, 21 et 22 novembre prochains à Laval.

Le hasard (mais est-ce un hasard ?) faisant parfois mal les choses, voici que nous apprenions cette semaine que le PQ tiendra un Conseil national…la même fin de semaine à Montréal. Les sujets principaux ? La langue, la culture, l’intégration des immigrants. Tiens donc ! Leurs dates étaient peut-être arrêtées depuis quelques mois. Peut-être… Mais alors, pourquoi ne pas en parler avec nous en septembre lorsque nous avons annoncé publiquement les nôtres ? Un autre coup de téléphone perdu. Comment ne pas comprendre dans ce non-geste que le PQ continue de s’estimer le seul dépositaire de la question nationale et voit d’un bien mauvais œil un autre parti souverainiste occuper de plus en plus de place dans l’espace public ? Dommage, parce que les voix souverainistes auraient pu se s’exprimer durant deux fins de semaine plutôt qu’une…

Mais ne vous en faites pas : nous tiendrons notre congrès et notre voix sera entendue. Car nous avons un beau projet national, aux couleurs de la gauche, de l’écologie, du féminisme, de l’ouverture à l’autre. Vous en entendrez parler !

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