Lundi  22 février : sortie du 3e fascicule des économistes « lucides » au service du gouvernement Charest. Dans l’autobus qui me mène à Gatineau mardi matin, je prends le temps de tout lire. Que de lieux communs! Les mêmes que l’on nous assène comme des vérités absolues depuis 20 ans : la concurrence privé-public, c’est formidable; les Québécois ne se sont pas rendu compte que les services avaient un coût, il faut donc une soi-disant « révolution culturelle » (J’espère qu’elle ne sera pas aussi sanglante qu’en Chine maoïste!); le vieillissement de la population aura des conséquences catastrophiques (mais ces savants économistes proposent de relever substantiellement les frais de garde d’enfants…cherchez l’erreur!). On nous propose des augmentations de tarifs importants dans plusieurs domaines, et particulièrement dans celui de la santé. Jamais on ne vise les contribuables aux revenus très élevés ou les grandes entreprises.

Lire ce texte m’a galvanisée. J’avais hâte de rencontrer les journalistes pour leur exprimer ma colère et leur présenter les propositions de Québec solidaire : comment remettre 5 milliards dans les coffres de l’État sans s’en prendre à la classe moyenne et aux personnes appauvries.

Nous nous sommes ensuite rendus à l’Université du Québec en Outaouais. Coup de chance : Lucien Bouchard et ses amis lancent leur campagne pour hausser substantiellement les droits de scolarité. Bon moment pour présenter d’autres options budgétaires aux étudiantes et étudiants. Ils et elles se montrent très réceptifs, d’ailleurs.

Une assemblée publique, en soirée, nous permet de réfléchir plus avant sur des alternatives fiscales équitables. Par exemple que pensons-nous de l’idée d’un plafond salarial?

Le lendemain, deux heures de rencontres avec les étudiants et étudiantes du cegep. On distribue beaucoup de cartes appelant à aller sur le site couragepolitique.org  Encore là, les jeunes sont intéressés puisqu’ils-elles ont entendu parler de hausse des droits de scolarité.

« Ça se peut des politiciens qui pensent autrement, qui proposent autre chose que de se serrer la ceinture? » Oui,  ils et elles sont à Québec solidaire. Nous, nous pensons que c’est à leur tour de se serrer la ceinture. Le tour à qui? Aux entreprises, les grosses, surtout, aux personnes qui ont des revenus élevés et bénéficient des mêmes services que tout le monde.

Aujourd’hui, vendredi, journée d’action à Montréal. Des militantes et militants de QS distribueront des tracts aux portes de 20 stations de métro. La semaine prochaine, Rouyn-Noranda.

Ce que l’on veut : semer la graine d’une autre approche, d’une autre logique que celle qui anime les néolibéraux. Notre logique est celle de la justice sociale. C’est la seule qui a de l’avenir.

Depuis quelques jours, je suis en tournée dans les régions : d’abord Trois-Rivières, puis, Sherbrooke. Dans les deux cas, des militants-es de Québec solidaire m’accueillaient et organisaient des rencontres et des « bains de foule ». Les médias étaient au rendez-vous, curieux de ce que peut bien avoir à dire Québec solidaire en cette période pré-budgétaire.

Cette tournée s’inscrit dans une campagne pour la défense des services publics et le redressement des finances de l’État par des mesures fiscales progressistes. L’objectif? Convaincre qu’il est possible de remettre de l’argent dans les coffres de l’État québécois sans saigner la classe moyenne et les personnes appauvries. En allant chercher l’argent là ou il se trouve : dans les grandes entreprises et chez les contribuables aux revenus élevés.

Nous avons des propositions. Par exemple : l’imposition d’une redevance sur l’eau dans les entreprises, le paiement à l’État d’une redevance sur les minerais extraits dans le sous-sol québécois, un palier d’impôt additionnel pour les contribuables gagnant plus de 115,000 dollars, l’abaissement du plafond des REERS. Quand je discute de cela avec des étudiantes et étudiants, peu de réactions négatives. Une seule question : est-ce faisable? Pourquoi pas? Ne faudrait-il pas seulement un peu de courage politique?

Les jeunes m’interpellent aussi sur la possibilité d’instaurer des éco-taxes et des taxes sur les produits de luxe. On me demande de l’information sur le projet Pharma-Québec. Plusieurs s’inquiètent d’une sorte de « dormance » de la société québécoise devant des choix politiques et sociaux franchement discutables : la rénovation de la centrale nucléaire de Bécancourt, par exemple, ou bien les hausses appréhendées des droits de scolarité universitaires. Des choix anti écologiques et anti sociaux.

Des groupes communautaires, syndicaux, féministes, se regroupent pourtant au sein de la Coalition contre les hausses de tarifs. Des mouvements importants, comme les syndicats, réclament aussi une fiscalité plus juste. Les ACEFS se prononcent contre des hausses des tarifs d’électricité. Il n’y a pas unanimité dans la population québécoise pour troquer largement les impôts contre les taxes, malgré l’insistance des économistes de droite.

Ce début de tournée augure bien. Les gens sont à l’écoute, curieux, intéressés par nos propos. Si cette campagne pouvait semer une graine, celle de la déconstruction d’un discours économique favorisant seulement les bien-nantis de ce monde, nous aurions fait un grand pas.

La semaine prochaine : Gatineau et Montréal.

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