Ce midi, je serai devant l’hôtel Reine-Élizabeth. Je n’en reviens toujours pas que la Chambre de commerce de Montréal ait invité George W. Bush, cet individu sans foi ni loi à s’exprimer dans un dîner à 400$ le couvert. Cette invitation me met en colère. Avons-nous déjà oublié les 8 années de la présidence Bush, des années désastreuses aux plans politique, économique, social, environnemental? Pour mémoire, rappelons quelques faits :

Le tout premier geste de Bush après son élection en 2000, a été de couper les vivres aux ONG qui travaillent avec des femmes de pays du sud sur la contraception et l’avortement. Des subventions rétablies par Barak Obama. Il faut savoir que ces ONG sont souvent les seules à pouvoir proposer à des femmes très pauvres les moyens de décider par elles-mêmes des enfants qu’elles veulent.

Comment ne pas nous rappeler ensuite que nous étions plus de 200 000 à Montréal en 2003 à marcher dans la neige et le froid contre la guerre en Irak? Cette guerre-là, Bush l’a justifiée à coups de mensonges soigneusement mis en scène. Et ce fut, c’est encore un désastre. Le comble a été la découverte de nombreux actes de torture perpétrés par des soldats étatsuniens « brainwashés » par la Maison Blanche. Bush avait autorisé cela au nom de la lutte contre le terrorisme. L’ex-président n’hésitait pas à se réclamer d’un combat de la civilisation contre le mal. Moi qui croyais qu’un être civilisé se doit de respecter les droits humains!

Continuons. A-t-on oublié l’obscurantisme de cet homme qui niait l’importance des gaz à effets de serre et refusait de signer l’accord de Kyoto? Ça faisait son affaire, bien sûr, tout comme ça plaisait à ses amis des multinationales américaines dans le domaine des énergies fossiles. Réalisons-nous que George W. Bush et ses amis du monde de la finance ont conduit le monde à l’une des pires crises économiques et écologiques depuis 1929? Les taux de chômage sont élevés, la faim fait des ravages, les inégalités sociales sont criantes. En plus, les États –grâce aux impôts et aux taxes que nous leur payons- viennent à la rescousse d’entreprises aux profits excessifs, facilités par la complaisance de gouvernants qui ont agi selon le modèle Bush. Ils ont créé la crise et c’est nous qui payons. Formidable, non?

Pour toutes ces raisons, et tant d’autres, je serai parmi les manifestants, protestant contre la venue de Georges W Bush au Canada et à Montréal. Nous ne voulons pas entendre ses autojustifications. Sa place n’est pas ici : elle devrait être devant un tribunal pour criminels de guerre. Quant à nos dirigeants économiques, ne devraient-ils pas être en train de consacrer toutes leurs énergies à lutter contre la crise, à créer des emplois, à imaginer le Québec de demain? S’ils manquent d’inspiration, je leur suggère des dîners causerie avec des personnes comme Laure Waridel, Nancy Neamtam, Daniel Breton, Joseph Stiglitz. Des gens aux idées audacieuses, progressistes, qui ont mille idées pour le Québec et pour un monde prospère, juste et écologique.

C’est reparti! Il aura fallu que la SAAQ et la RAMQ prennent des décisions pour le moins discutables et le Québec entier s’énerve. Mais non, je ne suis pas d’accord que l’on exige un-e employé-e du même sexe que le sien dans un service public. Je fais une exception pour les personnes malades ou vieillissantes qui réclament des personnes de leur sexe pour des soins intimes, par exemple. Et je crois que là-dessus tout le monde s’entend.

Le Québec est une société laïque où règne la mixité des sexes, à l’école, à l’hôpital, dans les CPE, dans les services publics. C’est comme cela que nous voulons vivre ici. Et que veulent vivre la quasi-totalité des personnes immigrantes.

Là où je décroche, c’est quand tout le monde se remet à s’énerver. Oui il faut mettre des balises aux accommodements. Non ce ne sont pas tous les immigrants-es qui demandent des accommodements pour des raisons religieuses mais une infime minorité. Donc, il n’y a aucune raison de faire de cette question un drame national.

Il faut dire que le gouvernement Charest manque singulièrement d’audace et de bon sens en refusant un débat public sur l’épineuse question de la laïcité au Québec. Nous n’avons pas élaboré de modèle. Chacun-e y va de sa définition de la laïcité. On s’inspire parfois de la France sans toujours connaître toute la situation. Sait-on qu’en France, par exemple, l’école religieuse privée est largement subventionnée par l’État? Pour un pays où la laïcité a force de loi depuis 1905, c’est étonnant, non?

Respirons par le nez. Il y a eu quelques demandes d’accommodements déraisonnables. Il faut y voir. Mais savez-vous que 0,3% seulement des enfants de la Commission scolaire de Montréal ont demandé des accommodements ces dernières années? Pourtant plus de 50% des élèves sont nés hors Québec.

Ce qu’il faudrait? Un véritable débat sur la laïcité suivi de l’adoption d’un texte, charte ou livre blanc, ou… Quelque chose de clair qui aide à tracer la ligne. Dans le plus grand respect, bien entendu de valeurs fondamentales telles que l’égalité entre les femmes et les hommes.

Il faut l’exiger du gouvernement Charest!

Françoise David

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