Que n’a-t-on pas dit, la semaine dernière sur le voile! J’en rajoute un peu aujourd’hui en vous racontant un pan de ma vie.

J’ai été élevée dans « l’eau bénite » comme la plupart des femmes de ma génération. Ma mère, une femme intelligente et généreuse, était très croyante et très attachée aux rites et aux préceptes religieux. C’est ainsi que j’ai fait carême, porté un voile à l’église, mangé du poisson le vendredi (d’infects bâtonnets congelés!), récité le chapelet lors du mois de Marie, etc. Ma mère consultait son confesseur pour les décisions importantes de sa vie. Elle m’interdisait de lire des livres « à l’index ». Oui, j’ai connu tout ça!

Mais j’ai eu une enfance heureuse puisque tout cela me paraissait normal. J’y adhérais sans me poser de questions. Jusqu’à la fin du secondaire. Là, j’ai commencé à douter, à me rebiffer, à ne plus avoir envie d’être une enfant de Marie. À lire les livres interdits par ma mère, à voir en cachette des films défendus. Il faut dire que le Québec changeait aussi! J’ai tout laissé tomber, croyances religieuses, pratiques, rituels, interdits. Je ne suis pas devenue anticléricale mais indifférente à tout ce qui touchait le religieux. C’était sorti de ma vie.

Je suis devenue une militante de gauche et, par la suite, féministe. C’est alors que j’ai compris comment toutes les religions, et surtout leurs maîtres, oppriment les femmes. On l’a vu et on le voit encore dans des pays musulmans fondamentalistes. On voit aussi l’influente Église catholique, en Amérique latine, soutenir fortement les gouvernements qui, partout, refusent aux femmes le droit à l’avortement.

En 1995, nouveau choc « culturel » dans ma vie. Avec la Fédération des femmes du Québec, nous organisons la marche Du pain et des roses. Et je découvre avec stupeur des réseaux de femmes laïques ou religieuses catholiques… et féministes! Elles hébergent et nourrissent des marcheuses, contribuent financièrement à l’organisation, signent des lettres d’appui, etc. Plus tard, certains de ces réseaux deviennent membres de la FFQ. Elles sont présentes activement dans tous les combats, se gardant parfois une réserve lorsqu’il s’agit d’avortement ou d’homosexualité, par exemple. Mais jamais elles ne votent contre le libre-choix, elles préfèrent s’abstenir.

Au début, ma perplexité est totale : comment concilier un engagement dans ce qui me paraît être l’une des institutions les plus patriarcales au monde…et militer comme féministe? À force d’observer ces femmes, à force de discuter avec elles, j’en viens à comprendre qu’elles souhaitent véritablement transformer l’Église catholique. Cela me parait être un gros parcours à obstacle. Je leur dis. Elles en conviennent…mais elles ont la foi, elles sont courageuses, patientes, déterminées.

Pour être complètement franche, elles ne m’ont pas convaincue que cette église est réformable, en tout cas, pas à court terme. Mais leur engagement aux côtés des femmes du Québec et du monde m’est apparu complètement sincère. Certaines sont devenues des amies.

Et le voile?

Vous comprendrez donc que mon regard sur les personnes qui sont engagées au sein de religions ou d’églises a changé. Je crois toujours que les églises oppriment les femmes de toutes les façons : refus de les ordonner, interdiction de la contraception et de l’avortement, prescriptions quant aux vêtements et aux modes de vie, soumission aux maris et aux religieux, sanctions comme l’excommunication ou, plus dramatique encore, la lapidation. C’est intolérable. D’autant plus intolérable que des religieux cherchent depuis toujours à imposer leurs vues aux pouvoirs politiques. C’est ce qui arrive aujourd’hui dans une partie du monde musulman où politique et religion sont intrinsèquement liées. N’oublions pas non plus les hindouistes intégristes qui ont leur parti en Inde (le BJP) et le conservatisme de l’Église catholique qui s’oppose à toute libéralisation de l’avortement en Amérique latine. Rappelons-nous enfin l’influence des chrétiens fondamentalistes sur l’ex-président des États-Unis, Georges W Bush. Tout cela je le dénonce avec vigueur.

Mais je refuse que l’on fasse subir aux femmes elles-mêmes, en l’occurrence, les femmes portant le voile, au Québec, plus de discrimination qu’elles en subissent déjà. Je pense que la plupart portent le voile à cause des pressions familiales, sociales et religieuses. Je reconnais cependant que certaines le portent pour des raisons identitaires ou politiques et qu’on retrouve parmi elles des féministes. Comme beaucoup de Québécoises, je ne comprends pas que l’on choisisse de cacher son corps ou une partie de son corps pour des raisons religieuses. Mon enfance à l’eau bénite me rappelle combien une église peut peser lourdement sur les femmes.

Mais je me rappelle aussi mon cheminement et celui de ma mère. Et je pense à mes amies religieuses. Pourquoi donc ne pas accepter que des femmes cherchent par divers moyens le chemin de leur libération? Pourquoi ne pas appuyer celles qui, à l’intérieur des églises, travaillent à les transformer? Pourquoi ne pas poursuivre sur le chemin des rapprochements et de l’intégration puisque des femmes portant le voile travaillent déjà dans la fonction publique et les services publics? À ce jour, personne ne s’est élevé pour critiquer les comportements des éducatrices en service de garde, enseignantes, infirmières, médecin, portant le voile. L’an dernier, Jean Dorion, alors président de la Société St-Jean Baptiste, a rendu un témoignage émouvant devant la commission Bouchard-Taylor, sur sa gardienne portant le voile, et qui est devenue une amie de la famille. Il avait découvert la femme sous le voile.

Et puis, imaginez… Un gouvernement dépose un projet de loi pour interdire le port de signes religieux ostentatoires dans les services publics. Une telle loi serait probablement irrecevable devant les tribunaux. Plus grave, elle diviserait grandement la population. Je vois d’ici les hauts cris des catholiques! Nous venons de vivre une semaine éprouvante où le débat a souvent cédé le pas aux invectives et même au racisme. En témoignent certains courriels reçus à Québec solidaire. A-t-on envie de vivre cela durant des mois?

Je suggère donc que nous adoptions deux mots : ouverture et vigilance.

Vigilance devant toute tentative du religieux d’infiltrer le politique. À court terme, d’ailleurs, nous devrions surveiller de près les agissements des groupes pro-vie appuyés officiellement par le cardinal Ouellet la semaine dernière. Un projet de loi conservateur pourrait bien revenir par la porte de derrière! Vigilance aussi devant les imams et devant la prolifération des Églises chrétiennes fondamentalistes, au Québec, une situation dont on ne parle jamais mais qui devrait nous inquiéter. Est-ce que l’on a la moindre idée de ce qui se dit dans ces églises le dimanche? On y prône une complète égalité entre les femmes et les hommes?

Vous, le savez-vous? Voulez-vous nous en parler?

Et finalement, ouverture : la vigilance n’empêche pas le dialogue et la compréhension. N’ajoutons pas un voile au voile, cela ne nous mènera nulle part.

Votre point de vue (30 commentaires)

  1. Rick Deckard
    Mardi 19 mai 2009 à 17 h 06

    Il faut selon moi distinger le port d’un signe pour afficher sa religion de la religion ou la croyance elle-meme. On peut etre chretien sans porter une croix en tout temps tout comme ont peut etre musulman sans porter de voile, ont parle donc d’accomoder les parties integristes(pour des raison culturelle et politique) de chaque religion, non pas d’accomoder les gens d’une religion.

    En Turquie, pays dont la population est musulmane, le port du voile est interdit a l’ecole, il ne sont pas moins musulmans pour autant. On peut donc tres bien mettre des balises pour la fonction publique et les ecoles. En Afghanistan, avant la montee des Talibans la population etait musulmane mais la Burka n’etait pas obligatoire et les filles allaient a l’ecole, ce n’est pas la religion qui a changé mais l’integrisme, un reflet culturel et politique.

    Je crois que la Hollande a ete tres tolerante et a recoltee d’enormes problemes. On devrait analyser leur situation et la comprendre pour s’assurer qu’un situation similaire ne se reproduise pas ici.

    « qui se dit dans ces églises le dimanche? On y prône une complète égalité entre les femmes et les hommes?  »
    Selon moi s’il y a un point positif dans la discrimination flagrante et les anachronismes qui s’accrochent a l’eglise, c’est qu’ils rendent d’autant plus evident que les religions ne sont pas reellent divines mais plutot humaines (Tout comme l’emprisonnement de Galillé pour avoir contredit l’eglise selon laquelle la terre etait au centre de l’univers et que le soleil tourne autour de la terre) ;)

  2. Stéphane Magnan
    Mardi 19 mai 2009 à 18 h 22

    Solide billet.

    Je suis un homme qui se retrouve dans cette « affranchissement de la religion », et qui lui aussi lutte pour laïcisation de sa spiritualité. Il était vital de parler du processus individuel d’intégration culturel de ces femmes qui portent le voile comme vous l’avez fait. Ce n’est certainement qu’une minorité qui le porte pour des fins politiques ou même de provocation. Ces femmes font leur chemin vers une certaine libération, bon an mal an, et là est le message positif: c’est peut-être un phénomène qui va s’estomper dans cette société d’ouverture dont vous parler.

    La religion peut être si oppressante! Certaines femmes se plient à ces règles pour éviter d’être spoliée et persécutée par leurs proches! C’est une misère que l’on ne doit pas « voiler » si vous me permettez l’expression.

    J’ai connu les témoins de Jéhovah, et bien qu’ils sont partisans de dire que Dieu a créé l’homme et la femme « égaux », que celle-ci doit être à « sa place » et être soumise à son mari. Elles ne peuvent faire de discours comme les hommes à la salle du royaume (elles ont plutôt une partie « discussion », assises à une table), et la femme mariée doit garder les cheveux longs en signe d’obéissance à son mari. Elle ne peuvent diriger des hommes de sa congrégation dans une réunion, même une étude familiale avec ses propres enfants, sans porter un chapeau en signe d’humilité pour rappeler sa place (et cela ne peut se faire que s’il n’y a pas d’homme pour conduire la réunion en question). Et tout cela est dû au fameux péché d’Ève!

    Ce que je viens de mentionner ne paraît pas vraiment quand ses femmes cognent à votre porte toutes souriantes n’est-ce-pas? La religion peut être très sournoise et puissante.

    Je me rappellerai toujours qu’au cœur de la crise identitaire Québécoise des accommodements raisonnables, le cardinal Ouellet avait profité de cette montée de lait souvent raciste pour faire un vibrant plaidoyer pour le retour des fidèles au bercail du catholicisme. Ça c’est profiter d’un incendie pour vendre de l’eau au pompier au prix fort!

    La religion n’a que faire de votre quête spirituelle personnelle et de vos interrogations, sachez-le! Elle ne vous propose que SES réponses à SES questions. Elle n’a qu’un maître: elle-même. Il faut accommoder les gens, et non les religions.

  3. Louise Saintonge
    Mardi 19 mai 2009 à 19 h 27

    Dommage que le débat se fasse encore une fois sur le port du voile par des femmes musulmanes. La question devrait porter bien davantage sur le port de signes religieux dans la fonction publique. Désirons-nous une fonction publique laïque?
    Les femmes musulmanes qui portent le voile ont leur raison pour le faire et c’est elles que ça regarde. Par contre, au Québec nous sommes un état laïque et sa fonction publique se doit de l’être. Cela aussi doit être respecté par toute personne qui désire y faire carrière. Un employé de l’État représente l’État et se doit d’être neutre. Il peut pratiquer n’importe quelle religion tant que ça reste du domaine privé.

  4. Alain Dubois
    Mardi 19 mai 2009 à 22 h 41

    Un féminisme gangrené par le relativisme,

    par Micheline Carrier

    Aux insoumises de ce monde.

    Comme des otages atteints du syndrome de Stockholm (1), des féministes ont commencé depuis quelque temps à trouver des vertus à l’oppression et aux oppresseurs. Des silences aussi bien que des prises de position illustrent cette forme d’accommodement. Les exemples les plus courants sont ceux de la prostitution et des symboles religieux, par exemple le port du foulard islamique. Parce que quelques-unes l’ont affirmé, on s’est fait accroire que la plupart des femmes prostituées et des femmes portant le foulard islamique ont le choix. C’est commode, on n’a pas à remettre en question les codes patriarcaux profanes ou religieux qui incitent à faire un tel « choix », ni surtout à interpeller ceux qui en tirent profit : pères, frères, conjoints, patrons, collègues, amis, voisins.

    Au Québec, on marche sur des chardons ardents si l’on s’avise de critiquer les valeurs sexistes et les coutumes misogynes de certains groupes ethno-religieux. Critiquer le sexisme des Québécois de souche, d’accord. Mais critiquer publiquement le sexisme des Québécois dont les coutumes et la religion écartent les femmes des lieux publics fréquentés par des hommes, leur imposent de se cacher ou de se raser les cheveux, les placent en retrait dans les lieux de culte ou leur interdisent certaines fonctions publiques, ce serait du racisme. Dénoncer le Vatican, mais pas les imams, les rabbins et les intégristes religieux bien que les uns et les autres voient les femmes comme des êtres à soumettre. On dit agir ainsi au nom de la « tolérance » et du « respect ». L’égalité des femmes et des hommes ne concernerait-elle donc pas tous les groupes ethno-culturels qui composent la société québécoise ?

    Pour une féministe, c’est aussi un exercice périlleux de critiquer des positions ou des non-positions d’autres féministes. Plusieurs ont choisi de se taire de peur d’apporter de l’eau au moulin des adversaires, toujours à l’affût des divisions, ou de se faire reprocher leur « manque de solidarité ». Quand des récalcitrantes insistent trop, on impose un moratoire ou la censure, comme cela s’est produit pour les débats sur la prostitution et sur l’extrémisme religieux dans des listes de discussions féministes. Tant de luttes menées par des femmes pour le droit de prendre la parole…

    La société entière est gangrenée par un relativisme multiforme, et le féminisme n’y échappe pas. (…)

    Pour lire la suite :
    Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2926 -

  5. Anne-Marie
    Mardi 19 mai 2009 à 23 h 27

    @Alain Dubois : les modérateurs se sont entendus pour laisser un extrait de l’article que vous avez publié, en laissant l’hyper-lien. L’idée est de faire en sorte que les commentaires ne soient pas trop alourdis par la longueur de l’article…

  6. Alain Dubois
    Mercredi 20 mai 2009 à 00 h 39

    C’est OK pour moi… Je trouvais important d’offrir un autre point de vue progressiste et féministe sur ce sujet. Votre compromis est acceptable puisque les personnes intéressées pourront poursuivre leur lecture sur le site de SISYPHE ou elles y trouveront aussi d’autres textes dont plusieurs par des musulman-es.

  7. andrée proulx
    Mercredi 20 mai 2009 à 15 h 27

    Bonjour madame David. Je me reconnais dans votre parcours. Mon enfance et mon adolescence ainsi qu’une partie de ma vie adulte de femme mariée et mère de famille se sont déroulés au rythme des rites et des préceptes de l’Église catholique. Je ne m’en porte pas plus mal aujourd’hui. Mais j’ai développé une liberté de conscience et un jugement critique face au pouvoir religieux que j’estime bénéfique. J’ai évolué en même temps que le Québec. C’est pourquoi je ne peux endosser votre position sur le voile au nom de l’ouverture et de la tolérance. Parce que ce ne sont pas ces valeurs qui sont en cause.

    Il s’agit plutôt de faire reculer toute forme d’intégrisme. Le catholique comme l’islamique. On ne peut pas combattre un intégrisme en ouvrant la voie à un autre. Le port du voile est en soi une forme de ségrégation. Une barrière Assez de femmes musulmanes le dénoncent. Je me permets de citer Chahdortt Djavann, anthropologue, iranienne de naissance, obligée à porter le voile de l’âge de 3 à 23 ans : «Le voile, écrit-elle dans son livre Bas les voiles !, n’est nullement un simple signe religieux comme la croix portée au cou. LE VOILE, AVANT TOUT, ABOLIT LA MIXITÉ DE L’ESPACE OU PLUS EXACTEMENT IL DÉFINIT ET LIMITE L’ESPACE FÉMININ.» (Bas les voiles !. Gallimard 2003.)

    Je ne vois pas au nom de quelle ouverture et en vertu de quelle tolérance, ce symbole de ségrégation, qu’est le voile, pourrait recevoir sa caution dans les institutions publiques.

    Les femmes voilées me mettent mal à l’aise ainsi que beaucoup de mes compatriotes. Sauf les militantes du Congrès islamique du Canada, organisme qui prône la ségrégation homme/femme dans les hôpitaux, la plupart n’ont sans doute pas l’intention de déranger, mais elles dérangent. Il faut le leur dire. Si l’Église catholique lors du Concile Vatican II a entrepis un grand changement dans les coutumes vestimentaires des prêtres et des religieuses, les responsables religieux du port du voile pourraient suggérer aux femmes musulmanes de s’en libérer. De s’adapter à leur pays d’adoption. Les religieuses qui le conservent encore aujourd’hui, se sont elles-mêmes retirées de la société pour se consacrer à Dieu.

    Être solidaire de TOUTES les femmes et vous porter à leur défense est un sentiment qui vous honore et que je partage. Toutefois, je ne pense pas que le port du voile dans les institutions publiques favorise l’intégration dans le monde du travail des femmes qui le portent mais les conforte plutôt dans leur intégrisme religieux ou culturel ainsi que les hommes qui encouragent cette forme de ségrégation basée sur le sexe.

    Je ne crois pas trop au cheminement vers l’émancipation de femmes dont l’effacement symbolique représente un signe de liberté individuelle. Encore moins lorsqu’elles justifient leur soi disant choix en qualifiant de provocants les comportements de femmes occidentales. Et qu’elles prétextent la violence faite aux femmes pour faire la promotion du voile. Elle existe cette violence déplorable, mais contrairement à celle qui existe dans les communautés islamiques, elle est dénoncée et sévèrement punie par nos lois.

    Malheureusement, malgré toute l’admiration que j’ai pour votre parcours et la certitude que des femmes de votre trempe sont un acquis pour la société, je ne peux partager votre opinion sur le sujet du port du voile non plus que celui de la FFQ. Voilà où mène la volonté d’une minorité de fondamentalistes religieux d’imposer leur vision de la place de la femme dans la société.

  8. Christian Lévesque
    Mercredi 20 mai 2009 à 21 h 55
  9. Danièle Bourassa
    Jeudi 21 mai 2009 à 18 h 53

    Salut le blogue,

    Quand j’étais jeune, je pensais que les gens qui vivent dans les pays désertiques portaient cet habillement jusqu’aux yeux pour se protéger des tempêtes de sable ou du soleil intense quand ils se déplaçaient en chameau jusqu’à leur prochain campement. Autant les hommes que les femmes.

    Ici, on a la poudrerie l’hiver et la canicule l’été, ce qui représente quelques mois par année. Par nostalgie, il est compréhensible que des femmes veulent porter leur emmitouflage pour se protéger de la neige ou de la chaleur…..mais pour le reste du temps….il y a des vêtements plus de circonstance.

    Il m’est difficile de me rendre à l’évidence que ces vêtements au cours des siècles soient devenus des signaux de violence, d’opression et de soumission. Celles qui sont contraintes de porter ces vêtements, sous peine d’actes violents contre elles, ont des recours ici en déposant des plaintes pour violence conjuguale. Celles qui veulent s’en libérer, devront faire comme l’ensemble des québécois et québécoises dans les années 50-60 envers la religion catholique: se révolter en n’adhérant à aucune religion (ce que mon père a fait), changer de religion ou changer leur interprétation de la religion catholique pour se libérer des notions de péché, du ciel et de l’enfer. Ou comme nous les femmes d’ici avons fait pour avoir le droit de vote, le droit à l’avortement, le droit au statut juridique, à l’éducation etc: revendiquer, faire changer les lois. Tout cela s’est fait sans effusion de sang.

    Celles qui portent ces vêtements par conviction devraient s’interroger sur leur réelle intention de s’intégrer ici. Je me souviens d’être entrée dans un magasin de tissus de la région du Maghreb sur la plaza St-Hubert et la dame qui tenait le magasin était habillée en foncé avec la bouche voilée. Sur le coup, ça saisi, mais bon que je me suis dit, elle est comme chez elle ici dans son magasin. On s’échange les bonjours d’usages, je regarde les tissus, mais elle n’avait aucun entregent, aucune chaleur humaine, alors je suis sortie. J’étais une infidèle? Elle ne veut que des clientes de sa région natale? Pas de blanches, pas de noires, pas d’asiatiques, pas d’indiennes?….ouverture, je veux bien, mais les contacts sont difficiles même dans les commerces.

    Pour ce qui est de faire avancer la cause des femmes dans la religion catholique, je ne leur nuirai pas, mais je ne consacrerai pas d’énergie à cette cause pas plus qu’aux femmes qui veulent faire carrière dans le militaire.

    Légiférer pour interdire le port de ces vêtements dans les services publics enverrait 2 messages clairs:

    1- D’abord aux « Maîtres » qui obligent les femmes à faire porter ces vêtements, que nous n’acceptons aucunement la violence faite envers ces femmes, ni leur soumission.

    2- Que le Parlement et les services publics doivent être laïcs en raison des nombreuses ethnies qui vivent ici et que la religion musulmane n’a pas préséance sur celle des autres. De plus, pour un certain nombre de québécois et québécoises, ce serait une continuité de leur révolution tranquille.

    Je me joins à votre idée de tenter des rapprochements, dialoguer, essayer de comprendre…ce n’est pas facile mais faut bien vivre en paix un jour!…..justement j’ai une nouvelle voisine musulmane qui ne porte pas le voile….

    Vous dites: Je pense que la plupart portent le voile à cause des pressions familiales, sociales et religieuses.

    Sociales?….je ne comprends pas.

  10. Doiron Irène
    Vendredi 22 mai 2009 à 14 h 28

    Françoise,
    J’envoie un texte que j’avais au préalable envoyé à M. Khadir et à Mme Christine St-Pierre. Vous lirez donc d’abord les mots à ces deux personnes qui avaient précédé mon texte intitulé « Cachez cette chevelure que je ne saurais voir! » Cordialement,

    —-

    Monsieur Khadir,

    Je vous fais parvenir ci-dessous le texte que je viens d’envoyer à la Ministre Christine St-Pierre et une copie au bureau du Premier Ministre Charest au sujet du débat qui agite la société québécoise quant au port de signes religieux ostentatoires, en particulier en ce qui concerne le foulard musulman. À mon avis, Québec solidaire serait bien éclairé s’il soutenait, par ses positions, les femmes qui s’opposent au port de ce foulard plutôt que celles qui veulent maintenir cette pratique qui symbolise l’inégalité de perception et de traitement des femmes. Car, on ne peut soutenir à la fois les unes et les autres, comme le prétend la FFQ. Soutenir les unes, c’est ne pas soutenir les autres! La FFQ et QS semblent malheureusement avoir choisi le camp le plus réactionnaire de ce point de vue.

    Je pense que le texte que je joins ci-dessous tente d’aborder cette question difficile sous l’angle de la liberté religieuse mais aussi de la séparation de l’église et de l’état ainsi que de l’égalité de droit entre les hommes et les femmes. Ce n’est ni l’intolérance ni l’ignorance qui m’ont amenée à développer ce point de vue et je dois dire que j’en ai marre, depuis les débats entourant la Commission Bouchard-Taylor de voir accolé systématiquement à laïc et à athéisme l’étiquette d’intégrisme, comme l’a encore fait le texte de la Ligue des droits et libertés paru dans le Devoir de samedi dernier. La chasse aux sorcières, de ce point de vue, contrairement à ce qu’en disent ses rédacteurs, est nettement plus engagée contre les laïcs et les athées que l’inverse! Historiquement, ce sont les athées qui ont été les grands défenseurs de la liberté religieuse et non l’inverse! Un peu de mise en perspective serait de bon aloi.

    Professeure de philosophie à la retraite - ayant d’ailleurs terminé ma carrière par une agression physique de la part d’un collègue masculin, prof de philosophie lui aussi! - je continue à lire, à me renseigner et j’ai suivi ces dernières années des séminaires à l’Uqàm et à McGill sur le traitement des minorités dans les sociétés, y compris les minorités religieuses. J’estime donc avoir un éclairage plus large que la seule perspective nationaliste québécoise qui parfois est le seul socle de personnes s’exprimant sur le sujet. La France a courageusement réglé ce problème dans les écoles au sujet du port des signes religieux ostentoires et la paix est rétablie dans les écoles et je ne pense pas que s’en est suivi un départ massif des jeunes maghrébines dans des écoles coraniques! Ayons ici le même courage au lieu de pratiquer le mimétisme du multiculturalisme canadien ou anglais qui est loin d’avoir démontré que c’était le meilleur moyen de s’intégrer à la société d’accueil, le communautarisme n’étant pas forcément synonyme de progrès social et d’affranchissement des individus, hommes ou femmes.

    Très cordialement,

    Irène Doiron

    —-

    Madame St-Pierre,

    J’ai écouté le débat au Parlement où vous avez été interpellée au sujet de la prise de position de la FFQ et l’apparent soutien que vous y apportez et qui est en contradiction totale avec la décision du Conseil du statut des femmes. J’ai été estomaquée de vous entendre. Vous avez entre autres dit que, si une religieuse vient soutenir une personne en train de mourir, on ne va pas lui demander d’enlever son voile. Outre le fait qu’il n’y a plus beaucoup de religieuses qui portent un voile au Québec, je vous signale que, dans mon cas, cela me révolterait, si, près de mourir et hospitalisée, je devais subir les soins d’une infirmière portant un foulard musulman. Comme humaine, cela me déprime au plus haut point de voir une de mes semblables accepter ces signes de soumission et d’inégalité de droit entre les hommes et les femmes. Et la paix qu’on souhaite avoir en quittant le monde en serait fortement perturbée. Et, même, sans être moribonde, je refuserai, comme je l’ai déjà fait lors d’une prise de sang, qu’un geste médical me soit administré par une personne portant le foulard musulman. Si c’est la paix que vous souhaitez dans notre pays, et ce devrait être le cas d’un-e ministre, veuillez donc prendre conseil auprès des personnes que le gouvernement a chargées de vous conseiller comme ministre, tel le Conseil du statut des femmes. Et, au lieu de répéter toujours la même chose quand on vous interpelle au Parlement, ce serait pas mal si vous pouviez adapter vos réponses à la question posée. Nous sommes intelligents et intelligentes. Quand vous avez dit une chose une fois, nous l’avons comprise et pas la peine de le redire trois minutes plus tard! Pour vous éclairer de manière un peu plus philosophique, je joins ci-dessus un texte que j’ai pris la peine d’écrire et que je fais circuler. Sartre ne disait-il pas que « chaque humain engage l’humanité entière »? C’est ainsi que je vois le port du voile et ce n’est ni par ostracisme ni par intransigeance que j’ai développé mon point de vue. Si le philosophe John Locke disait dans ses textes sur la tolérance qu’aucun magistrat ne peut s’interposer entre un citoyen et son dieu, il dit également qu’on ne peut pas attribuer n’importe quel comportement à une croyance religieuse.

    En espérant que vous saurez sur cette question mieux représenter le point de vue général de notre société, je vous prie d’agréer mes salutations cordiales.

    Irène Doiron, professeure de philosophie à la retraite.

    —-

    Cachez cette chevelure que je ne saurais voir!

    Les multiples réactions, y compris parlementaires, à la décision de la Fédération des Femmes du Québec(FFQ) au sujet des signes religieux sont perçues par sa présidente comme de l’intolérance et par Québec Solidaire (QS) comme une nouvelle chasse aux sorcières. Or, dans l’histoire de l’humanité, ne sont-ce pas justement les religions qui ont été intolérantes et qui ont pratiqué la chasse aux sorcières, religions que beaucoup au Québec veulent reléguer à juste titre dans le domaine du privé et que la FFQ veut remettre dans le domaine public? Faut-il ériger en principe absolu l’autonomie financière des femmes et mettre ainsi au second plan la laïcité de l’État et la place de la religion dans les différenes sphères de la société? On note aussi, encore une fois, que la FFQ associe malheureusement, comme l’avait fait la Commision Bouchard-Taylor, religion et immigration en parlant principalement du foulard islamique et ce n’est pas pour apaiser le débat, surtout en période de crise où l’insécurité créée par la perte importante d’emplois risque de cristalliser peurs et croyances traditionnelles.

    Dans une réunion familiale, si on veut éviter la chicane, on ne parle ni de politique, ni de religion, entendons-nous souvent. Il semble bien que la chicane soit bel et bien là à nouveau! On pourrait faire la sourde oreille et se contenter de laisser dire, laisser faire si le prosélytisme n’existait pas. Or, vouloir afficher de manière ostentatoire ses convictions religieuses n’est pas sans effet sur l’ensemble de la société. Car, ce faisant, on livre un message. Et, plus les signes religieux seront admis publiquement, plus il deviendra difficile de ne pas en avoir! Si, au Québec, nous avons évolué vers une société plus libre quant à l’acceptation de différentes croyances religieuses, il est inquiétant, à mon avis, de voir comment le religieux fait un retour dans la société et la vigilance à cet égard ne signifie pas intolérance. En revanche, nous lisons, ici et là, des propos qui manifestent une très grande intolérance à l’égard de l’athéisme. Selon moi, il serait rétrograde de vouloir revenir à des pratiques qui tendent toujours vers l’hégémonie et qui rejettent dans ses marges toute personne n’adhérant pas à l’idéologie religieuse dominante. Même le cours d’éducation religieuse ne fait aucunement référence à l’athéisme, ce qui est un comble pour un cours qui prétend initier à la diversité! Mais nous savons que toutes les religions auront de toute façon toujours l’athéisme comme ennemi commun!

    Si on peut avoir le plus grand respect pour une personne qui s’impose une discipline de vie et un code vestimentaire pour se plier à ce qu’elle pense être sincèrement la chose à faire pour se mériter une éternité éternelle (!) et bienheureuse, il serait naïf d’oublier que, dans certains cas, cette attitude ne fait que relever d’un militantisme religieux. Comme citoyenne, lorsque je requiers des services de l’état, que ce soit à l’école, à l’hôpital, aux différents services administratifs, je ne souhaite pas rencontrer un-e chrétien-ne, un-e juive, un-e hindou-e ou un-e musulman-e, etc. mais un-e humain-e qui me fournira les services requis. Or, quand un-e employé-e des services publics tient à afficher ses croyances religieuses par des signes extérieurs, cette personne se présente à moi d’emblée avec tout le bagage idéologique et éventuellement discriminatoire que chacune des religions a développé pour se distinguer les unes des autres et cela me gêne car ça me renvoie à une humanité amplement divisée par des croyances et les guerres qu’elles ont suscitées et suscitent encore aujourd’hui. Septembre 2001 est venu nous rappeler que la Renaissance, avec son rationalisme, sa révolution copernicienne et galilléenne, ses penseurs des droits de l’humain, n’a pas réussi à libérer définitivement l’humanité du combat des intégristes de tout poil pour tenter de faire régner l’idéologie religieuse! Le « crois ou meurs » n’est jamais très loin. C’est dans ce contexte général au niveau mondial que nous devons analyser ce qui se passe ici.

    Certes, le port du voile pour certaines femmes musulmanes dont il est question dans l’avis de la FFQ n’est pas facile à problématiser tant il est vrai qu’un certain racisme anti-musulman est sous-jacent à toute discussion à ce sujet de la part d’un certain nombre de personnes. A contrario, on n’a jamais, par exemple, fait trop de cas de la kippa des juifs ou des perruques et/ou foulard chez les femmes juives de certaines communautés. Pour éviter les écueils de l’ostracisme, il est donc important de préciser le principe nous guidant pour adopter lois et règlements. La FFQ invoque celui de l’autonomie financière pour les femmes. Pour beaucoup d’autres, le principe selon lequel les conceptions religieuses du monde et ses pratiques et coutumes doivent rester dans le domaine privé est primordial et un état laïc ne devrait en aucun cas les encourager dans la sphère publique, que ce soit la prière dans les assemblées municipales, les crucifix dans les écoles ou les hôpitaux, le couvre-chef chez les unes et les autres, le kirpan, la croix, etc. Si nous nous sommes débarrassés des soutanes depuis quelques décennies au Québec, d’aucuns craignent qu’elle nous reviennent sous une autre forme! Et ce n’est pas uniquement une question d’immigration. Les fondamalismes ne sont pas une exclusivité ni immigrante, ni musulmane. Dans ma propre famille, on a brûlé des livres pour enfants, on a refusé l’éducation supérieure à certaines de mes nièces car une fille, c’est connu, ça fait des enfants et ça reste à la maison. Et il y a une tendance chez certains chrétiens fondamentalistes bien de chez nous de ne plus envoyer leurs enfants à l’école, les parents se chargeant de leur instruction. Nul besoin d’ajouter que Darwin ne sera pas au programme pour ces enfants!

    Nous aurions donc tort de percevoir la religion comme quelque chose d’individuel et de passif, voire de statique. Elle a vocation, si j’ose ce terme, à faire école et à faire loi: c’est son but ultimement. Et toutes les religions sont discriminatoires à l’égard des femmes! Dans la religion dominante traditionnelle au Québec, faut-il rappeler que c’est Ève, le prototype féminin, qui a condamné l’humanité entière à souffrir après avoir tenté Adam et l’avoir amené à désobéir à dieu! La pomme lui en est même restée dans la gorge! De plus, si certaines religions ont autant insisté pour que la tête des femmes soit couverte - les chapeaux dans les églises d’antan pour les femmes sont l’équivalent d’une certaine manière du foulard musulman ou juif - c’est parce que la chevelure y est associée au sexe vous diront certains psychanalystes et historiens. Le mari, le père ou le frère se réservent ainsi l’exclusivité à domicile d’une appropriation du corps de « ses » ou « sa » femme(s) réduisant ainsi celle-ci à son corps sexuel et reproducteur, même si sa force de travail y est amplement appropriée également et à peu de frais! Penser que c’est librement que les femmes portent foulards et chapeaux, c’est oublier qu’il n’est pas nécessaire d’avoir toujours un discours explicite et une contrainte ouverte pour amener à la soumission, bien que cela existe aussi et Djemila Benhabib a raison de nous rappeler les contraintes à cet égard que subissent certaines femmes au Canada - et ailleurs, évidemment, tchador et burqa étant imposés, sans ménagement, à la force de la baïonnette! Or, plus nous aurons de femmes voilées, moins les autres femmes pourront s’afficher librement et de manière autonome. Après ce sera les horaires séparés selon les sexes pour la piscine. Et les cours prénataux sans les pères. Ce ce sera aussi le droit à l’avortement qu’on voudra supprimer, voie sur laquelle le gouvernement Harper a tenté de nous amener avec son projet de loi sur l’assassinat d’une femme enceinte. On le voit, l’immigration n’est pas seule en cause! Les croyances religieuses du premier ministre canadien et de ses ministres sont connues: souvenons-nous de tous les ministres conservateurs, défilant, bible sous le bras (sauf peut-être Bernier, je ne m’en souviens plus, un certain décolleté nous ayant distraits!) et sur laquelle ils ont prêté serment. Leur honneur, semble-t-il, n’était pas suffisant pour nous garantir de leur probité. Au-delà du principe de l’autonomie financière des femmes à laquelle le Québec souscrit, n’est-il pas impératif et primordial de dire halte à cette conception qui réduit les femmes à un objet sexuel et reproducteur qui ne peut que corrompre les hommes! Cette exigence de pudeur sous forme de couvre-chef contribue à perpétuer l’idée selon laquelle les femmes seraient à l’origine du mal, conception qui réduit par la même occasion les hommes à des bêtes sexuelles qui ne peuvent pas se contrôler. Or, quels que soient les accoutrements des femmes, il y aura toujours, pour qui veut les réduire à leur seul corps, place pour l’érotisation, le tchador ou le foulard pouvant même en constituer une des formes. Une mèche de cheveux qui dépasse et le mal revient au galop! Et c’est en cela que le port du foulard ne respecte pas l’égalité entre les hommes et les femmes, principe fondamental de notre société.

    En outre, que diront QS et la FFQ à une jeune fille refusant de porter le foulard que sa famille voudrait lui imposer? Si la laïcité c’est le fait pour l’État de ne privilégier aucune religion et de laisser la liberté de conscience aux individu-e-s, encore faut-il que ses représentant-e-s apparaissent neutres vis-à-vis de toutes les religions! Et que les personnes qui veulent y travailler se le disent! La FFQ, par sa position, risque réellement de faire le jeu de tous les intégrismes religieux qu’elle prétend combattre! Comment peut-on défendre l’idée que permettre le foulard au travail c’est assurer l’intégration à notre société des femmes le portant quand cette même personne ne voit pas que, justement, dans notre société, s’intégrer veut dire partager un certain nombre de valeurs communes? Et quel message enverrions-nous aux jeunes si nous autorisons le port du foulard aux enseignantes alors qu’on refuse en classe le port des casquettes aux jeunes hommes? N’est-ce pas créer des barrières inutiles? Je ne dis pas par ceci que les femmes québécoises seraient entièrement libérées - viols, meurtres de femmes par leur conjoint ou ex, maisons pour femmes battues existent qui réflètent cette oppression, sans compter l’inégalité des salaires et autres formes de subordination des femmes que nous a léguées l’histoire, dont l’hypersexualisation (et l’instrumentalisation des femmes qui s’ensuit) n’est pas la moindre - mais ce n’est sûrement pas en permettant le port du foulard que nous allons dans la bonne direction pour l’éradication de toutes les formes d’oppression à l’égard des femmes! La société québécoise dite « de souche » n’a pas encore atteint la pleine égalité des sexes et des femmes sont encore réduites à leur seul corps, généralement dans un but d’appropriation sexuelle. (cf les analyses de Colette Guillaumain, Nicole-Claude Mathieu, Claire Michard, Paola Tabet, entre autres.)

    Une loi, que je souhaite, et qui interdirait les signes religieux ostentatoires dans les emplois relevant du secteur public n’interdirait pas ces emplois à qui que ce soit, en particulier aux femmes qui portent le foulard musulman. Cette interdiction ne se ferait que dans le cadre de leur travail, ce qui est fort différent! Il est vrai que, si elles persistent, et bien, elles devraient accepter que, dans la vie, il y a des choix à faire! Surtout que rien dans le Coran ne dit que les femmes doivent porter un voile ou un foulard! On a l’impression que la manière de voir de la FFQ et de QS prend pour acquis que les femmes musulmanes, de manière tout à fait autonome, acceptent de le porter. C’est sans doute le cas pour un certain nombre d’entre elles, encore que, pour moi, la religion impose un voile à l’esprit humain qui s’interpose entre le réel et l’idée que les humains s’en font. Chaque peuple a son mythe au sujet de son origine. Cela n’en fait pas une histoire véridique pour autant! Quand on voit à quel âge on inculque les préceptes religieux aux enfants - avec parfois son cortège de scénarios catastrophiques énoncés pour créer, par la peur, l’adhésion aux dogmes et récits, l’enfer éternel n’étant pas le moindre - alors qu’ils n’ont pas encore la possibilité d’exercer leur esprit critique et leur consentement éclairé, il est difficile de parler de choix libre! Deux pages de Critias, de la Grèce ancienne, valent la peine d’être lues et méditées au sujet de l’origine des croyances religieuses. (« Les présocratiques », La Pléiade, pp.1145-1146)

    Enfin, dans tout groupe, comme le rappelait si justement Djemilah Benhabib récemment lors de la présentation de son livre « Ma vie à contre-coran », qu’il soit religieux ou politique, diverses tendances s’affrontent. Comme société, et, a fortiori pour un mouvement féministe, nous devrions choisir, car le choix est incontournable, les tendances qui visent l’émancipation totale des femmes. Si beaucoup de femmes dans les pays musulmans et ici se battent pour se débarrasser de ce symbole d’infériorisation des femmes - parfois au prix de leur vie - pourquoi diantre devrions-nous ici le tolérer? Comment se fait-il qu’on demande à ceux et à celles qui vivent ici depuis plus longtemps - qu’ils soient de « souche » ou d’immigration plus récente - d’accepter les coutumes des nouveaux arrivants et non de demander à ces derniers d’accepter nos coutumes et valeurs? En somme, on nous demande à nous, qui sommes ici depuis un peu plus longtemps, de faire ce qu’on n’ose pas demander aux personnes d’immigration récente! Adapte-toi à l’autre! Or, il y a des femmes musulmanes et des hommes qui ont immigré ici parce que, justement, ils et elles pouvaient trouver une liberté que leur refusait leur propre pays. J’ai eu il y a plusieurs années une étudiante égyptienne dont les parents ont immigré ici spécifiquement pour éviter que leur fille ne subisse la clitoridectomie. Le port du voile certes n’est pas la clitoridectomie. Mais, si on permet le voile, quel voile permettrons-nous? Qui couvre seulement la tête? Avec ou sans les oreilles? Avec ou sans le cou? Avec ou sans le visage? Avec ou sans les yeux? Qui détiendra la règle à mesurer? C’est à Neuilly, en France, en 1985, que j’ai rencontré la première fois de ma vie une femme couverte de la tête aux pieds, avec des gants, en plein été, n’ayant qu’un seul petit trou pour un oeil! Un oeil, pas les deux! Cela m’avait profondément choquée. Quel est donc le seuil à fixer quant à l’importation de pratiques culturelles en porte-à-faux avec les valeurs d’ici et en particulier avec celle, universalisante, de l’égalité de droit entre tous les humains? Répondre à ceci ne signifie pas qu’on reste les bras croisés vis-à-vis des fondamentalismes religieux d’ici ni du sexisme bien de chez nous et des différentes formes d’oppression à l’oeuvre depuis longtemps.

    Pour conclure, j’admets que la question des convictions religieuses et de ses manifestations publiques n’est pas un sujet facile à traiter. Et interdire peut parfois pousser des personnes à s’accrocher à des pratiques et à des croyances plus qu’elles ne le feraient sans ces interdictions. Mais une tolérance sans limites peut conduire aussi au communautarisme, segmentant la société en autant d’îlots, faisant ainsi échec à des projets collectifs d’envergure. Nul besoin d’être freudien inconditionnel pour se rallier à l’argumentation de Freud, dans « L’avenir d’une illusion »! Socialement, dit-il, la religion est rétrograde parce qu’elle amène les gens à croire que c’est un dieu qui a institué des règles - et donc amène les croyants à les considérer pérennes et incontournables - alors que ce sont les humains qui les ont instituées dans un processus rationnel afin de permettre à l’humanité de survivre. Ne pas contribuer à perpétuer cette illusion est une tâche qui nous incombe afin de libérer et les hommes et les femmes. Si nous pouvions, au moins dans l’espace public, nous considérer d’abord comme des humains avant de nous considérer comme juifs, musulmans, chrétiens, hindouistes, etc., - immigrants ou non, hommes ou femmes - l’humanité ne s’en porterait que mieux! Nous pourrions déjà commencer au Québec!

    Irène Doiron, professeure de philosophie à la retraite ([email protected] ou [email protected])

  11. Mario Jodoin
    Vendredi 22 mai 2009 à 17 h 57

    Bravo pour votre billet !

    J’ai déjà envoyé un commentaire qui explique les raisons pour lesquelles j’appuie la position de la Fédération des femmes du Québec et de Québec solidaire sur l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique (commentaire 14 à http://www.francoisedavid.com/2009/05/le-mont-royal-et-lindustrie-miniere/). J’écris cette fois pour aborder les principaux arguments des gens qui s’opposent à cette position. En fait, presque tous ces arguments visent le port du voile.

    1. La fonction publique doit demeurer laïque

    Je suis tout à fait d’accord. Sauf qu’il y a un malentendu sur le concept de la laïcité. Pourtant, le rapport Bouchard-Taylor l’a très bien présenté et expliqué. L’idée n’est pas que chaque être humain représentant la fonction publique soit désincarné, n’ait aucune croyance, mais qu’il ne pose aucun geste remettant en question la laïcité de la fonction publique. D’ailleurs, les codes d’éthique des organismes gouvernementaux défendent déjà aux employés d’utiliser leurs fonctions pour faire la promotion de leurs valeurs personnelles, qu’elles soient politiques, religieuses ou autres. Pour éviter toute confusion, il s’agit seulement de s’assurer du respect intégral de ce code et de l’application rigoureuse des sanctions prévues à ce code. Bien sûr, le port du voile laisse penser que Francine Grimaldi a certaines croyances, mais tant qu’elle n’en fait pas la promotion, je crois qu’elle peut demeurer à l’emploi de Radio-Canada…

    2. On a eu assez de difficulté à se défaire de l’emprise de la religion catholique…

    La perte d’emprise de la religion catholique sur la société québécoise fut une étape déterminante de la révolution tranquille et du mouvement d’émancipation des femmes. Vu d’aujourd’hui, cela semble s’être produit très rapidement. En fait, cette perte d’emprise fut bien graduelle. Elle fut le résultat d’échanges, de débats, de discussions et de l’évolution des valeurs des citoyens du Québec. Bref, cela s’est fait pas à pas, sans recourir à l’interdiction de comportements, de croyances ou de codes vestimentaires. Il a bien fallu dans un premier temps étatiser les systèmes de santé et d’éducation auparavant contrôlés par les autorités religieuses et ensuite retirer les privilèges accordés par la constitution aux catholiques et aux protestants (commissions scolaires religieuses), mais jamais la présence des religieux et surtout religieuses dans les écoles et les établissements de santé n’a été interdites, ni leurs accessoires vestimentaires. Ceux et celles qui ont continué à œuvrer dans ces milieux ont choisi d’eux-mêmes de changer leur façon de se vêtir. Ainsi, les capines des religieuses, les soutanes des frères et les cols romains des jésuites ont quitté un par un les écoles et les hôpitaux. A-t-on eu besoin de les interdire ? Pourquoi serait-ce différent cette fois-ci ?

    3. Ils sont bien chanceux de vivre chez nous où on peut s’exprimer librement; comme des pays refusent que les femmes sortent sans voile, on devrait faire comme eux et l’interdire ici

    Cet argument se contredit de lui-même. Comment une personne peut-elle afficher fièrement le droit que son pays accorde à ses citoyens de s’exprimer librement tout en demandant à ce même pays d’interdire à des citoyens qui ne pensent pas comme elle de s’exprimer librement ? Comment peut-elle reprocher (avec raison) à des pays de ne pas accorder ces mêmes libertés et affirmer du même coup que notre pays devrait agir comme eux ?

    4. La doctrine Bush

    J’ai gardé mon argument favori pour la fin… Connaissez-vous la doctrine Bush ? Sinon, ne vous en faites pas, Sarah Palin, candidate républicaine à la vice-présidence des États-Unis l’automne dernier n’en avait jamais entendu parler ! Il s’agit du droit que les États-Unis se sont octroyés, à l’encontre de la politique de l’ONU, de faire la guerre à un pays sans que celui-ci ne l’ait attaqué ou n’ait menacé de le faire. Bref, c’est la guerre préventive, la doctrine utilisée pour justifier la guerre en l’Irak.

    Une forte proportion des arguments pour l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique relève de l’interdiction préventive, une variante de la doctrine Bush. «Si ça continue…», «Si on attend trop…», «Si on les laisse faire…», on va se retrouver avec une kyrielle de séquelles :
    - aujourd’hui le voile, demain : la burqa, l’interdiction de l’arbre de Noël, l’obligation pour toutes les femmes de porter le voile, la menace à l’égalité entre les hommes et les femmes, la polygamie, l’imposition de leurs valeurs, le retrait des filles des écoles, les châtiments corporels, l’excision, la pédophilie, le viol, le fouet, la lapidation et la charia (toutes ces «menaces» proviennent de commentaires écrits au cours de la dernière semaine par des promoteurs de l’interdiction).

    Personnellement, je suis contre la doctrine Bush. Et vous ?

  12. Micheline Carrier
    Vendredi 22 mai 2009 à 21 h 31

    Selon nous, le rapport Bouchard-Taylor a modifié son mandat en se centrant sur l’immigration, il n’a pas rempli le mandat que le gouvernement lui a confié de se pencher sur le problème des accommodements pour motifs religieux.

    Pour une Charte de la laïcité au Québec

    Un an après la publication du rapport Bouchard-Taylor, la Fédération des femmes du Québec relance le débat sur la place de la religion dans l’espace public, plus précisément dans les services dispensés par l’État, s’opposant à l’interdiction de porter des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique. La FFQ invoque la tolérance, le respect de la liberté religieuse et la nécessité de faciliter l’intégration des femmes immigrantes à la société. Nous ne partageons pas cette position qui repose sur des postulats non démontrés, par exemple :
    - que le devoir de réserve et de neutralité imposé aux employés de l’État est une entrave sérieuse à la liberté religieuse ;
    - que les immigrant-es sont à l’origine de la plupart des demandes d’accommodements religieux. En réalité, ces demandes proviennent principalement, selon la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDDPQ), de personnes nées ou vivant au Québec depuis longtemps.
    - que le droit des employé-es d’afficher ses croyances personnelles dans les services publics constitue un facteur d’intégration ;
    que la majorité des femmes immigrantes souhaitent afficher ostensiblement leurs croyances religieuses à leur travail et pensent que le leur interdire les empêcherait de s’intégrer et d’améliorer leur situation économique. À notre connaissance, la majorité des femmes immigrantes n’ont jamais formulé pareilles opinions. Il nous semble qu’elles aspirent à s’intégrer à la société québécoise dans la mesure où celle-ci reconnaît leurs expériences et leurs compétences professionnelles, ainsi que leur contribution pleine et entière à la vie collective.

    On peut lire la suite de cet article signé par près de 70 personnalités québécoises à cette page: http://sisyphe.org/spip.php?article3310

  13. Marie Hélène L.
    Samedi 23 mai 2009 à 09 h 38

    Merci beaucoup pour ce billet tout en nuance… Cela fait du bien parmi le flot de discours simplistes habituels.

    J’ai particulièrement apprécié cet extrait:

    «Mais je refuse que l’on fasse subir aux femmes elles-mêmes, en l’occurrence, les femmes portant le voile, au Québec, plus de discrimination qu’elles en subissent déjà. Je pense que la plupart portent le voile à cause des pressions familiales, sociales et religieuses. Je reconnais cependant que certaines le portent pour des raisons identitaires ou politiques et qu’on retrouve parmi elles des féministes. Comme beaucoup de Québécoises, je ne comprends pas que l’on choisisse de cacher son corps ou une partie de son corps pour des raisons religieuses. Mon enfance à l’eau bénite me rappelle combien une église peut peser lourdement sur les femmes.

    Mais je me rappelle aussi mon cheminement et celui de ma mère. Et je pense à mes amies religieuses. Pourquoi donc ne pas accepter que des femmes cherchent par divers moyens le chemin de leur libération? Pourquoi ne pas appuyer celles qui, à l’intérieur des églises, travaillent à les transformer?»

    Cette rélexion exprime très justement ma propre pensée. Remarquez, un autre élément dont personne ne semble tenir compte lorsqu’il est question du voile, c’est du temps nécessaire requis pour adopter de nouvelles habitudes vestimentaires, temps qui varie énormément d’une personne à l’autre, mais que plusieurs aimeraient voir disparaître complètement. C’est irréaliste. Plusieurs personnes ont besoin de mois, voir d’années pour se faire à l’idée de changer leur façon de s’habiller, lorsqu’ils arrivent de l’étranger, et il me semble qu’on gagnerait plutôt à les encourager lorsqu’ils franchissent le pas plutôt qu’à les disciminer auparavant.

    Bonne suite!

    Marie H.

  14. Mario Jodoin
    Samedi 23 mai 2009 à 16 h 35

    @Christian Lévesque

    J’ai écouté une grande partie de ces entrevues. Je vais lire son livre (Les 10 plus gros mensonges sur l’économie). J’ai abordé un peu comme il le fait la question du PIB dans la première partie du commentaire 17 de la page http://www.francoisedavid.com/2009/05/concretement-que-peut-on-faire/.

    Merci !

  15. Simon Laflamme
    Dimanche 24 mai 2009 à 23 h 49

    Curieux, parfois au travail il y a des restrictions vestimentaires, pourquoi changer? Un flic s’habille en flic, un pompier en pompier. Si en classe pas le droit de porter casquette, de même que sur mes cartes d’identités, pourquoi faire une exception pour satisfaire des adeptes d’une « religion » dangereuse?

    Pathétique de voir que certains Québécois agissent comme des touristes, il serait temps d’arriver en ville.

  16. Denise Prévost
    Lundi 25 mai 2009 à 20 h 49

    Je comprends bien le fait de ne pas ostraciser les gens, d’être « inclusif ». Mais lorsqu’il s’agit de représenter la société québécoise en tant qu’employé de l’État, ou du Ministère de l’éducation, ou un représentant de la loi, je ne vois pas bien où est la place de ces signes religieux. D’où ces questions que je me pose.
    Ces gens qui immigrent sont-ils aptes immédiatement à occuper de tels postes? Peut-on laisser à des femmes voilées le soin d’éduquer de jeunes enfants dans un CPE? Que fait-on pour les Québécoises qui portent le voile après une conversion? Est-ce vraiment trop leur demander que de laisser ces signes religieux à l’intérieur de la sphère privée? Voulons-nous à la longue créer une société laïque ou multi-confessionnelle?

  17. Sylvie Provost
    Mardi 26 mai 2009 à 05 h 30

    Cet soumission aux demandes des minorités me révolte. Le Québec est en train de cacher ses propres signes religieux, pour ne pas offenser les immigrants. Et nous allons leur permettre d’afficher les leurs? Je suis en faveur de la laïcité en public. Les gens peuvent bien pratiquer n’importe quelle religion dans leur vie privée mais en public, de grâce, laissons la religion à la maison. Le voile est un signe de soumission. Et quand je dois m’adresser à une femme voilée, je me sens agressée. Je me sens jugée. Je me sens condamnée. Cette personne affiche son refus de s’intégrer à ma communauté. Elle exige que moi je m’adapte à elle mais elle refuse de s’adapter à moi. La tolérance doit venir de qui? Qui doit s’intégrer à qui? Si je vais vivre en Tunisie (ou en Arabie Saoudite, ou autre), est-ce que je vais essayer de m’intégrer à la communauté qui m’accueille ou est-ce que je vais imposer ma façon de vivre? Est-ce que le peuple qui me recevra sera aussi ouvert et tolérant que le pauvre peuple québécois qui se laisse manger la laine sur le dos? Si ces immigrants viennent vivre ici, c’est pour des raisons économiques, mais aussi certainement pour notre tolérance, tolérance qu’ils ne retrouveront pas ailleurs. Mais jusqu’ou faut-il être tolérant? Je crois qu’il faut que l’état pose des gestes pour protéger notre culture. Francophone, et laïque. La femme qui est victime d’une religion mais qui devra vivre dans une société libre et égalitaire devra un jour ou l’autre prendre une décision. Elle ne pourra pas rester cachée toute sa vie dans sa maison. Nous ne devons accepter cette démonstration de soumission sous aucun prétexte. Pour aucune religion.

  18. Stéphane Thellen
    Mardi 26 mai 2009 à 21 h 11

    J’apprécie le courage et la retenue de Françoise David dans ce débat qui est plus souvent qu’autrement émotif. Contrairement à la majorité des commentaires (que je n’ai pour le moment que survolé) je ne pense pas que la position de la FFQ et de QS en soit une de « relativisme », du moins au sens péjoratif du terme. Cela étant dit, il est vrai qu’on aborde ici le voile non pas en fonction d’une posture ethnique, canadienne française, catholique, et c’est ce qui semble en choquer certainEs. A mon sens, il y a une forme de courage. Contrairement à ceux et celles qui pensent que les Québécois se laissent manger la laine sur le dos en étant « tolérants » (je cite un commentaire plus haut mais on entend cet argument ad nauseam) je pense personnellement qu’on se laisse manger la laine sur le dos plutôt quand nous avons peurs des Autres, lorsque nous cultivons le ressentiment, lorsque nous nous crispons sur une identité pré-moderne, et que nous remettons en question nos libertés fondamentales … Cela me fait penser aux politiques de l’administration va-t-en-guerre de G. W. Bush qui suite au 11 septembre, au nom d’une soi-disant volonté de protéger la démocratie, a pilé sur les principes mêmes de la démocratie avec son détestable Patriot act…

    Je me promets de lire tous les commentaires car plusieurs ce sont donnés la peine d’argumenter et je pense que je peux évoluer dans ma compréhension des enjeux. Je peux dire néanmoins déjà que suis néanmoins très hésitant lorsque je lis, par exemple, que QS et la FFQ « tente de satisfaire des adeptes d’une “religion” dangereuse ». Religion dangereuse ? Voilà le genre d’ argument qui m’effraie!

    Il faut dire que dans ce débat, du côté de l’interdiction du port du voile, il y a ceux qui s’opposent au port du voile dans les lieux publics au nom de la laïcité et d’autre, au nom du catholicisme. Drôle de « coalition »… mais bon, j’avoue que si nous enlevions toute forme de manifestation religieuse dans nos institutions (croix, kippa, turban, etc.), je serais moins rébarbatif à l’interdiction du voile. Cela étant, je comprends mal depuis quand l’interdiction est une posture progressiste. Je suis enseignant. Si un de mes étudiantEs qui porte un t-shirt portant un logo d’une corporation (qui a des comportements éthiques condamnables) et qu’il se fait donc le véhicule publicitaire d’une idéologie…de la religion du capital… ou au contraire, un ado portant un t-shirt à l’effigie de Che Guevara…ou une jeune étudiante qui porte un chandail écrit en grosse lettre : Eat Me… devrais-je leur interdire l’accès au cours ou ne devrais-je pas plutôt piquer avec eux une p’tite jasette ?

    Finalement, au risque de faire dresser des cheveux sur la tête de certainEs, je connais quelques femmes qui portent volontairement le voile. Je sais très bien que ce n’est pas le cas de toutes les femmes (cela dépend souvent des origines) mais quand même, il faut avoir une lecture très fine, nuancée, de cette problématique. J’en rajoute… attention les yeux: une étudiante, voilée, était la seule dans un groupe de 30 à se dire féministe! A affirmer que le débat sur les rapports hommes-femmes était loin d’être terminé, qu’il y avait des régressions possibles. La seule qui tenait un discours progressiste sur les rapports hommes-femmes! La seule qui avait une idée un tant soit peu cohérente de l’histoire et des enjeux soulevés par le mouvement féministe. Et par régressions, elle ne parlait pas de son port du voile qu’elle définissait plutôt comme d’un acte d’affirmation identitaire au même titre que les jeunes de son âge (16-18 ans) qui tripe sur la fleur de lys, les chansons de Paul Piché, des Cow-boys fringuants, de Marylin Manson, qui arbore fièrement ses tatous, ses piercing, ses g-string ou simplement ses décolletés… Une passe, une exploration, une démarche qui rend mal à l’aise son propre père !

  19. Bernard Duplessis
    Mercredi 27 mai 2009 à 03 h 22

    Bonjour, Le voile cache bien plus que le visage de ces femmes mais là n’est pas la question. Celle-ci porte sur les signes religieux et/ou spirituels dans la fonction publique au Québec. Il me semble qu’il n’y aurait aucune discrimination à interdir ces signes si c’est appliqué à tout le monde. C’est fantastique toutes ces différentes cultures et religions qui viennent enrichir notre propre culture québécoise mais il ne faudrait pas s’y perdre. À mon avis il nous faut une fonction publique transparente.

  20. Laurent Trépanier
    Mercredi 27 mai 2009 à 17 h 51

    Bonjour

    Une flexion plutôt poétique.

    L’identité.
    Sait-on qui on est?
    L’a-t-on compris et dit en toute altérité.
    La reconnaissance des différences doit s’allier à la reconnaissance de l’unité fondamentale du genre humain.
    Quelle est cette unité fondamentale?

    La complexité de l’organisation de la pensée, des règles de civilisation, des règles de résolutions des conflits, des textes de loi, de tout contrat d’assurance, de tout texte gouvernemental; cet excès de brouillard créé nous amène vers un univers où le labyrinthe s’impose avec beaucoup de Minotaures sur le parcours. Les plus démunis abandonnent la quête de justice et d’un monde meilleur.

    Il est difficile de faire le deuil de toute frontière. Il est difficile de sortir du labyrinthe. La haine n’a pas de trait distinctif, religieux au autres, elle est là, en nous, elle cherche toujours une sortie pour s’afficher.

    Les plus timides dans ces circonstances sont celles et ceux qui portent d’avantage l’amour de la vie. Elles et ils sont hésitants, parfois presque honteux de leur identité.

    Pourtant, l’identité n’est pas l’individu. C’est l’expression d’un désir englobant, collectif, rassembleur de monde. La certitude fragile d’être humain, d’avoir un coeur, une vie avec les autres coeurs et toutes les vies.

    La diversité à bien meilleur vie.
    La monoculture s’y oppose.
    L’individu comme le monothéisme tue.

    L’identité, c’est de vivre ensemble dans un monde diversifié aux voix multiples pour apprivoiser la réalité biologique et spirituelle du vivant, de sa finitude, de sa fragilité.

    La vie n’est pas une marchandise malgré sa réalité.
    Elle est aussi et surtout un désir de la conscience d’être heureux et en paix pour y découvrir toute ses couleurs et profondeurs…

    Comment sortir du labyrinthe?
    En organisant isolant les Minotaures?

  21. Rim Moalla
    Jeudi 28 mai 2009 à 00 h 21

    Un article tout en nuance et avec d’autres éclairages…

    ————————————-
    Le voile, la FFQ et la laïcité

    mardi 26 mai 2009, par Pierre Mouterde

    Une fois encore… on a l’impression que le débat sur « le voile » ré-enflamme les esprits. Comme si cette question était si lourde d’enjeux qu’elle en devenait insoluble, y compris dans les rangs des féministes et de la FFQ, de la gauche ou de Québec solidaire. Pourtant, ne suffit-il pas de revenir à quelques principes de fond pour éclairer les choses d’un tout autre angle ?

    Lire la suite ici: http://pressegauche.org/spip.php?article3690

  22. Richard Desgagné
    Mardi 2 juin 2009 à 08 h 42

    Je suis incapable d’accepter que dans notre société des femmes portent un voile. Peu m’importe pour quelle raison. Si ces femmes portent un voile, elles font un geste certes religieux mais aussi politique, et surtout négatif : elles refusent les valeurs de notre monde. Elles disent qu’elles sont d’abord musulmanes et que ce sont les valeurs de l’Islam qui, à leurs yeux, priment. Si c’est ce qu’elles croient, que font-elles ici ? Pourquoi ne quittent-elles pas ces terres infidèles avec leurs maris pour vivre en toute servitude en Islam ? Nous nous porterions tous mieux. Pour finir, si jamais une femme voilée me sert dans une officine gouvernementale, je refuserai ses services et je demanderai l’aide d’une femme non-voilée.

  23. Hasna Ibrahim
    Mardi 18 août 2009 à 17 h 08

    Chers lecteurs et lectrices,

    Je ne suis pas une professeure ni une journaliste et pas moins une politicienne.

    Je suis une simple citoyenne Québécoise et ensuite Canadienne.
    J’aimerai comme vous tous émettre mon commentaire et participer à cette discussion.

    D’abord,

    Est-ce que tous les québécois, coureurs de bois et filles de joie à l’origine, ont adopté le mode de vie des Amérindiens lorsqu’ils ont envahis leurs terres et les ont dépouillé de tous leurs avoirs?

    Au contraire, les Amérindiens ont été obligés de suivre le mode de vie des Blancs…Ils sont tenus maintenant à l’écart de la vie politique et mis en reclus dans des réserves bien définies et bien séparées du reste de la province/ou du pays…

    Qu’est ce que vous voulez des nouveaux immigrants qui comme vos ancêtres sont venus chercher un monde meilleur, un monde qui respecte la liberté de chacun?

    Vous voulez qu’ils s’abaissent comme les Amérindiens à vos volontés et qu’ils adoptent votre mode de vie? Pour qu’à la fin ils perdent leur identité….

    Ensuite,
    Les femmes voilées pourquoi les associer à la ségrégation des femmes, à la suprématie des hommes?

    Il ne vous est pas venu à l’esprit que ces femmes ont fuient des pays musulmans, qui suivent les traditions ancestrales et non les lois de l’Islam et qui les privent de leur droits. Ces mêmes pays que vous qualifiez de dictatures ou de monarchies!

    Ces femmes ont fuit avec leur famille ces pays, comme vos ancêtres, vers un monde meilleur, un monde dans lequel la liberté de chacun est respectée.

    Il ne vous est pas venu à l’esprit que ces mêmes femmes ont besoin et doivent travailler car elles doivent aider leurs époux ou tout simplement pour pouvoir se construire une carrière car souvent ces femmes sont hautement instruites.

    Avant les amendements raisonnables, j’étais fière d’être québécoise et musulmane et je me préparais à me voiler. Je me sentais chez moi vivant parmi les gens les plus joviaux et conviviaux du Monde entier. Mais maintenant je ne suis pas sûre! J’ai peur de me voiler, je vis depuis 20 ans au Québec, cette chère province, et c’est la première fois que je m’y sens étrangère. Je ne savais pas que les Québécois, ceux qui m’aiment, qui me sourient me détestent et détestent ma religion et qu’ils fuient comme la peste un voile…

    Et qui comme me l’a dit mon ancienne superviseure au travail ne m’aurait pas accordé mon emploi si j’étais voilée.

    Le voile pour moi, une jeune femme dans la trentaine épanouie et instruite, parfaitement intégrée dans la société québécoise à laquelle je m’identifie, était une suite logique de mon cheminement spirituel.

    J’étais satisfaite sur les plans, personnel, professionnel et social et je m’attaquais au plan spirituel et je trouvais que le voile y constitue un grand accomplissement.

    Et voilà que maintenant, ce même voile constitue à la fois une menace de rejet de la société sur le plan social.

    Et par le fait même, il devient un obstacle de plus que la crise économique, à me déniché un bon emploi.

    Je risque maintenant de me retrouver malgré tous mes diplômes universitaires exclue du marché du travail.

    J’ouvre ici une parenthèse :
    Les gouvernements encouragent la poursuite d’études graduées et déplore le décrochage scolaire…

    Mais ils oublient les gradués qui sont surendettés par les prêts et qui n’arrivent pas à trouver un emploi à leur juste valeur…
    Je suis curieuse de connaître le nombre de personnes ayant une maitrise ou un doctorat et qui sont sous-payés et pire ils œuvrent dans des domaines qui sont complètement différents de leur domaine d’études et vivent une instabilité dans leur emploi.

    Car dans cette chère province, francophone, si on n’est pas : parfaitement bilingue, se qui veut dire un anglophone qui se débrouille bien en français, on ne peut pas accéder à des métiers biens rémunérés (postes de cardes : pharmaceutiques, finances…)…Je ne veux pas rajouter que si on n’est pas un québécois de souche on ne peut pas accéder à des postes de cadres dans d’autres secteurs où l’anglais n’est pas primordial….
    Je ferme la parenthèse.

    Donc toute cette rage qu’expriment les québécois par rapport au port du voile me fait sentir étrangère à ce pays, me fait sentir que mes impôts ne paient pas en partie leurs soins, leurs routes, leurs services et tout ce que les deux gouvernements leur offrent.

    Sans les immigrants et leurs enfants VOS baby-boomers n’auront pas de services….

    On est ici, comme on est, on fait partie de cette terre d’acceuil et on fait aussi partie de la société Québécoise dont on est fiers d’appartenir et on aimerait pas que cela change par manque de dialogue, de compréhension et d’ouverture d’esprit.

  24. Alain Dubois
    Vendredi 21 août 2009 à 20 h 07

    Madame Ibrahim,

    Je vous invite à bien relire cette page de commentaires ainsi que ceux de vos frères et sœurs musulmans qui dénoncent le port du voile dans la fonction publique (entre autres sur: http://sisyphe.org/spip.php?rubrique117)… Rares sont ceux qui critiquent la religion musulmane (certains sont croyant et religieux)… les critiques sont à un autre niveau.

    Il est dommage que votre sentiment d’appartenance à la société québécoise soit aussi léger que le voile que vous souhaitez porter…

  25. Stéphane Thellen
    Samedi 22 août 2009 à 12 h 49

    « Il est dommage que votre sentiment d’appartenance à la société québécoise soit aussi léger que le voile que vous souhaitez porter… »
    Alain Dubois

    Monsieur Dubois: malgré certaines qualités que nous vous connaissons, je trouve la façon de vous vous adressez à Mme Ibrahim méprisante.

    Si vous qualifier de « léger » son appartenance à la société québécoise en lien avec sa position sur le voile, je pourrais rétorquer que je me sens beaucoup plus proche idéologiquement, voire culturellement de Mme Ibrahim que de vous, vous qui vous offrez le loisir de décider qui est un bon et qui est un mauvais québécois. A mon sens, vous avez la position la plus détestable qui soi…

    Pour ce qui est de votre référence à Sisyphe, dois-je vous rappeler que la position très radicales des membres de ce groupe ne font pas l’unanimité, comme toutes les positions qu’on y avance (ex. La prostitution) et que quelques soient les enjeux, il y a (et doit y avoir) débats? Le voile en est un particulièrement complexe. D’autres positions existent, bien que moins médiatisées, et ce même chez les musulmans (Voir le commentaire sur le livre Les filles voilée parlent, Éd. La fabrique, 2008, par Nesrine BessaÇih, A Babord, no 27 page 45. http://www.ababord.org/spip.php?article791). A moins encore de n’y voir que la position de bons et mauvais musulmans, selon notre volonté ?

    Et il y a aussi la position de la FFQ et de Québec solidaire. Ce n’est pas parce que vous ne partagez pas l’opinion exprimée ici que je vais juger « légère » votre appartenance…

    Surtout, je suis désolé pour Mme Ibrahim qui reçoit encore une fois un beau signal de mépris, pour ne pas dire d’intolérance. J’espère que vous aurez la patience de passer à travers cette tempête qui secoue le Québec depuis déjà trop longtemps.

  26. Alain Dubois
    Samedi 22 août 2009 à 21 h 00

    Bonjour monsieur Thellen,

    Ce n’est pas moi qui remet en question le sentiment d’appartenance à la Société Québécoise de Mme Ibrahim, elle-même:

    «Avant les amendements raisonnables, j’étais fière d’être québécoise et musulmane et je me préparais à me voiler. Je me sentais chez moi vivant parmi les gens les plus joviaux et conviviaux du Monde entier. Mais maintenant je ne suis pas sûre! J’ai peur de me voiler, je vis depuis 20 ans au Québec, cette chère province, et c’est la première fois que je m’y sens étrangère. Je ne savais pas que les Québécois, ceux qui m’aiment, qui me sourient me détestent et détestent ma religion et qu’ils fuient comme la peste un voile…»

    Je précise que je ne déteste pas la religion musulmane, bien au contraire… Tout comme, je ne déteste les juifs même si je critique régulièrement, le sionisme et l’État d’Israël… Le débat sur le voile est, pour moi, un débat bien plus politique que religieux… Puisque le port du voile est un geste avant tout idéologique.

    Cela dit, il est un peu simpliste de considérer les positions (sur le voile ou la légalisation de la prostitution) lucides des femmes et des hommes qui écrivent sur le site de Sisyphe comme radicales.

    Comme je ne suis pas un adepte de la pensée unique, je suis tout à fait à l’aise au sein de Québec Solidaire et ce, même si je ne partage pas qq. unes des positions de mon parti.

    Tapez ou collez votre texte en français ici et cliquez le bouton « Vérifier le texte ».

  27. Mario Jodoin
    Dimanche 23 août 2009 à 02 h 24

    @ Alain Dubois

    «Le débat sur le voile est, pour moi, un débat bien plus politique que religieux… Puisque le port du voile est un geste avant tout idéologique. »

    Ces deux deux petites phrases expriment bien le débat actuel. Ce n’est pas parce que «pour vous» ce débat est politique qu’il l’est pour Mme Ibrahim ou pour les autres. Elle explique son cheminement, où, en tenant compte de sa perception d’ouverture de la part de ses concitoyens québécois, elle envisageait de porter le voile. Elle ne précise pas pourquoi. A-t-elle à le faire ? Et devant qui ?

    Est-ce un choix idéologique ? Est-ce un choix esthétique ? Aurait-elle le «droit» de le porter si son choix était esthétique (comme Francine Grimaldi), mais pas le droit s’il était religieux ou idéologique ? Devra-t-on passer les femmes au parloir avant que «nous» les autorisions à faire ce qu’elles veulent ?
    Je ressens comme vous un profond malaise devant une femme voilée. Je ne répéterai pas les arguments que j’ai suffisamment élaborés sur cette page et la précédente. J’essaie toutefois de comprendre et d’accepter qu’une autre personne, ayant des valeurs différentes des miennes, ne voie pas la question comme moi.

  28. Alain Dubois
    Dimanche 23 août 2009 à 04 h 16

    Personne ne conteste leur droit de s’habiller en publique comme elle le souhaite… Ce que nous d… Lire la suiteéfendons (et ces femmes aussi) c’est le respect de la laïcité des services publics.

    «Le fait de s’appuyer sur la liberté de religion pour reconnaître des symboles religieux dans l’appareil d’État aurait pour conséquence l’obligation d’accepter tous les symboles afin de ne pas créer d’autres formes de discrimination. On peut penser, en effet, que des personnes de toutes les confessions voudront exprimer leurs croyances dans l’exercice de leurs fonctions au moyen des symboles de leur choix. Sommes-nous prêts à accepter, par exemple, que des professionnel-les de la santé de confession catholique affichent, dans leurs rapports avec leurs patients, un symbole ou un slogan anti-avortement, en évoquant leur droit à arborer leurs croyances?»

    Je me dois de souligner, de nouveau, que l’islamiste et l’intégriste chrétien correspondent bien plus à une démarche idéologique (politique) que spirituelle. Dans les états musulmans, les mouvements qui se réclament de cette idéologie politico-religieuse (et suprématiste) revendiquent la création d’états «religieux». Aux États-Unis, les fondamentalistes chrétiens exigent que les États: obligent l’enseignement du créationniste dans les écoles et universités; interdisent le mariage entre personnes du même sexe et l’avortement, etc. Il est important de combattre ces idéologies et ces différentes manifestations. Tout accommodement envers ceux-ci est déraisonnable. L’état (et ses institutions) doit demeurer laïc et la religion n’être que domestique.

    ——————————————————————-

    De nombreuses musulmanes luttent contre le port du voile. Pour elles, il est le symbole d’une interprétation rigoriste, intégriste et masculiniste du coran.

    Longtemps dans plusieurs pays du Maghreb les femmes de ces pays «ou elles origines pour la plupart) avaient la liberté de le porter ou pas et comme il n’y avait pas de pression religieuse et sociale, la plupart, surtout dans les villes, ne le portaient pas. Elles pouvaient aussi s’habiller comme elles le souhaitaient. Mais la montée de l’intégrisme et de l’ostracisme religieux dans le monde musulman a tout fait basculer. Aujourd’hui, elles n’ont plus ce choix, elles se doivent de porter ce voile sous peine de subir les foudres des autorités et des inquisiteurs religieux…

    Dans certains de ces pays, elles perdent même l’accès en totalité ou en partie à l’éducation. Plusieurs d’entre elles ont dû fuir leur pays pour conserver leur liberté. Pour elles, le Canada était une terre d’asile laïque garante de leur liberté retrouvée. Malheureusement, elles constatent avec stupeur qu’ici aussi l’intégrisme et l’obscurantiste religieux se sont confortablement installés… Les intégristes demandent des tribunaux coraniques, des écoles confessionnelles et ils font d’énormes pressions pour que les femmes de leur communauté portent le voile et se soumettent à des dictats religieux.

    Je suis sensible la lutte de ces femmes musulmanes. La pression sociale est aujourd’hui tellement forte que plusieurs femmes musulmanes qui vivent ici à Montréal se sentent dans l’obligation de porter ce voile (et j’en ai rencontré plusieurs). Elles ont perdu CHEZ-NOUS, leur liberté! Le voile n’est pas uniquement un symbole religieux, il est plus que cela… Il peut être aussi un symbole d’oppression.

    AILLEURS…

    En Turquie, pays dont la population est musulmane, le port du voile est interdit a l’école, il ne sont pas moins musulmans pour autant. Bien entendu ce pays n’est pas un modèle de démocratie mais il est toute de même le pays musulman le plus démocratique…

    En France les tensions religieuses liés au débat sur le voile et autres symboles ostentatoires s’est grandement amélioré depuis l’adoption de la loi sur l’interdiction du voile dans les écoles… Le débat public entourant son adoption a divisé la gauche y compris la LCR qui dénonce à la fois, la loi et le port du voile islamique (position majoritaire).

  29. Christian Lévesque
    Dimanche 20 décembre 2009 à 06 h 17

    Salut MM.DAVID,

    Il se peut que mes propos vous déplaises et je m’en excuse.

    Je ne suis plus capable de voir deux portes paroles à la tête de QS, je trouve cela un peu lourd et de plus le fonctionnement d’alternance homme/femme m’agace. J’aurai aimer qu’il y est un sondage téléphonique au près des membres à propos de ce fonctionnement. Je ne suis pas contre le féministe, là au je suis contre c’est contre le féministe radical. Moi j’ai toujours été contre la mise en place de cotât homme/femme, je trouve que vous vous privé de bon candidats potentiels à cause de cela! Pour moi c’est la compétence qui prime pour moi! Au lieu de mettre des cotât par tout pourquoi ne pas investir dans la formation où traditionnellement les hommes ou les femme sont moins présent dans certains domaine. Je ne remet pas en question l’équité salarial, etc. Au lieu de dire que QS est un parti féministe, QS pourrait être un parti qui prône l’égalité entre les homme et les femmes. Pour beaucoup de personnes, ils ne sont pas emballer à l’idée de voté pour un parti qui se dit féministe c’est peut-être pour cette raison que le vote solidaire ne passe pas en région car les gens en région sont pour LA GAUCHE ÉCONOMIQUE ET DU TRAVAIL MAIS DE LA DROITE DES VALEURS. Si un homme est compétent pour faire tel ou tel emploi je ne voit pas pourquoi il serait discriminer pour atteindre l’équilibre homme/femme, même chose pour une femme qui aurait les compétences pour faire tel ou tel emploi. MM.David vous devez quand même admette que les femmes ont fait beaucoup de progrès, bien sur le combat des femmes n’ai pas terminer et la dessus je suis d’accord avec vous. Et je suis très content du travail que vous avez fait pour les femmes du Québec. Mais il ne faut pas oublié que les hommes aussi ont leur problèmes et ils faudrait pas les oublier. Il est pour moi normal que je pense de cet façon car je suis un homme. j’aimerais dire aussi que je ne suis pas un féministe mais il ne m’empêche pas de penser qu’il faut plus de femmes en politique et dans les milieux d’affaire à condition qu’elles aient les compétences. Pour moi, je serai plus alaise avec Amir Khadir comme chef seulement car je considère qu’il est plus charismatique et plus encré dans la gauche et se depuis longtemps. S’en passer sous le silence tout vos réalisations et votre notoriété qui grâce à cela à mit le parti encore plus sur la map que quand il était l’UFP. Vous avez jouer un rôle important dans notre parti et sa je suis très reconnaissant c’est juste que j’aimerais voir plus Amir mit de l’avant mais vous pourriez continuer d’être à la présidence du parti car l’organisation et la militance sont vos forces tandis que Amir c’est sont discourt et ces intervations à l’Assemblée Nationales qui sont ces forces. Je voulais faire ce témoignage parce que je me sentais pas alaise avec ce fonctionnement et sais mon opinion. Si mes propos ne sont pas respectueux envers vous je m’en excuse d’avance. J’ai choisi QS parce qu’il est de gauche alter mondialise et souverainiste et cela suffisait pour que j’adhère au parti malgré quelques valeurs prônées par Qs que je n’était pas toutes d’accord. Suite à mes propos, plusieurs vont peut-être penser que je ne suis pas très à gauche mais c’est faux, je suis en général relativement de gauche c’est juste que je ne suis pas de gauche sur tout. Ce que je suis au juste est plutôt: DE LA GAUCHE ÉCONOMIQUE, ÉCOLOGISTE ET DU TRAVAIL ET FINALEMENT DE LA DROITE DES VALEURS. Je pense pas revenir sur ce sujet car j’ai dit ce que j’avais à dire! Bonne vacance des fêtes et bonne année MM.DAVID

  30. andrée proulx
    Samedi 20 mars 2010 à 18 h 17

    Bonjour Madame David. Il y a bientôt un an, je réagissais à votre position sur le port du voile en vous exprimant mon désaccord. Je viens de prendre connaissance d’une intervention de Djemila Benhabib qui a publié Ma vie à contre-Coran que vous connaissez sans doute. Je me permets cependant d’afficher sur votre blogue un extrait de cette intervention. Je m’interroge si le témoignage de cette musulmane laïque et féministe fait évoluer votre pensée. Je m’excuse pour la mauvaise mise en page.

    Extrait d’une lettre lue par Djemila Benhabib devant la Commission parlementaire sur le voile intégral.:

    «L’islamisme politique n’est pas l’expression d’une
    spécificité culturelle, comme on prétend ça et là. C’est
    une affaire politique, une menace collective qui
    s’attaque au fondement même de la démocratie en faisant
    la promotion d’une idéologie violente, sexiste,
    misogyne, raciste et homophobe.

    Nous avons vu de quelle façon les mouvements islamistes,
    avec la complicité, la lâcheté et le soutien de certains
    courants de gauche cautionnent la régression profonde
    qui s’est installée au cours même de nos villes. Au
    Canada, nous avons tout de même failli avoir les
    tribunaux islamiques. En Grande-Bretagne c’est déjà la
    norme dans plusieurs communautés. D’un bout à l’autre de
    la planète, le port du voile islamique se répand et se
    banalise, il devient même une alternative acceptable aux
    yeux de certains car c’est tout de même mieux que la burqua!»

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