J’ouvre un journal ce matin et qu’est-ce que je lis? Pour la première fois depuis cinq ans, 15% des électrices et électeurs québécois indiquent vouloir voter pour Québec solidaire. Quel bonheur!

Bien sûr, il faudra voir si cette tendance se maintient comme le disait le célèbre présentateur de nouvelles. Mais d’ores et déjà je tiens à souligner ce que je pressentais depuis un bout de temps : il y a de plus en plus de personnes qui nous trouvent intéressants, audacieux, crédibles et porteurs de tous les espoirs. Ça me donne envie de travailler plus fort, d’aller encore davantage vers les gens, d’être présente dans leurs luttes et leurs préoccupations quotidiennes. Après une courte pause d’écriture…

Notre dernier congrès

Je suis fière du congrès qui vient de se dérouler à Québec solidaire. Nous faisions face à des défis importants: adopter en un temps record un nombre impressionnant de résolutions, rendre les travaux intelligibles à l’ensemble des délégués-es y compris ceux et celles qui venaient pour la première fois à un congrès, aboutir à des propositions  à la fois audacieuses et enracinées dans le terrain québécois.

Nous y sommes arrivés. Le congrès débouche sur la proposition d’une économie plurielle où le secteur public occupe une place importante de même que l’économie sociale et coopérative. Une grande avancée féministe : la reconnaissance que le travail souvent invisible des femmes, rémunéré ou non, fait partie intégrante de l’économie. Nous proposons aussi une économie décentralisée et plus démocratique où les pouvoirs sont partagés entre les travailleurs-euses, les communautés, les directions d’entreprise, et même des groupes d’usagers-ères ou de citoyens-nes. Des nationalisations? Oui, surtout dans le secteur énergétique. Mais en laissant de la place à des initiatives locales et régionales.

Plus encore : le congrès a reconnu des droits sociaux et syndicaux : interdiction de lock-out, légitimité de grèves politiques, diminution de la semaine de travail, augmentation importante du salaire minimum. Lorsque l’on accorde de l’importance au temps de vivre, de partager, d’aimer, dans un congrès politique…c’est que l’on est vraiment proches des besoins exprimés par nos concitoyens-nes.

Québec solidaire sort uni de ce congrès. Les uns-es et les autres ont dû faire des compromis. Personne n’a été marginalisé, contrairement au titre d’un journal, ce matin. Nous avons trouvé des solutions équilibrées aux désirs exprimés par les 350 délégués-es. Nous avons aplani des divergences en adoptant des propositions où une immense majorité de nos membres peuvent se retrouver à l’aise.

Bravo à toutes et tous, merci et au revoir!

 

Avant un congrès, je dors moins bien : comment va-t-il se dérouler? Pourrons-nous trouver les chemins qui nous rassembleront au-delà de nos divergences? Et chaque fois, je sors emballée de nos congrès et conseils nationaux, impressionnée par la sagesse collective qui s’en dégage.

Ce sera certainement le cas en fin de semaine alors que nous allons débattre d’économie, d’écologie et de travail. Gros sujets! Comment faire en sorte que l’économie soit au service des communautés et qu’elle respecte les droits des travailleuses et des travailleurs? Plus que cela : comment appliquer concrètement une vision féministe de l’économie, celle qui nous apprend que les millions d’heures passées à s’occuper des familles, du voisinage, de nos quartiers, villes et villages…doit être considérée dans l’économie comme un apport indispensable et chiffré.

Comment développer le Québec sans viser une croissance effrénée et à tout prix? Comment accomplir véritablement le nécessaire virage vert?

Qui doit être propriétaire des ressources énergétiques et naturelles au Québec? Comment les exploite-t-on et lesquelles développer?

Tout un menu, comme vous pouvez le voir! Nous attendons 400 délégués-es de toutes les régions du Québec. Les débats seront certainement très riches! J’ai hâte!

J’y reviens en début de semaine prochaine avec mon prochain blogue.

Françoise David

 

Quelques dépenses trop bureaucratiques? Tout le monde sait bien que les coupes dans les ministères et les services publics se traduisent par : plus de pauvreté, moins de services gratuits de santé, davantage de privatisations, moins d’inspecteurs en environnement, moins de services pour les aînés-es, etc.

La vérité?  Le gouvernement manque d’argent parce qu’il ne va pas le chercher là où il se trouve : dans les poches des contribuables aux revenus élevés et dans des grandes entreprises comme les banques et les minières.

Vous remarquerez que le PQ ne trouve rien de mieux à dire que : le gouvernement ne contrôle pas ses dépenses. J’écoute les nouvelles et je crois rêver : on souligne que les étudiants-es et les pré-retraités-es vont payer plus;  ils établissent du même souffle que le gouvernement ne  comprime pas suffisamment ses dépenses. Donc : le gouvernement invite les gens à faire leur part mais lui ne la fait pas.

Je crois rêver. Non seulement la population, surtout la classe moyenne et les personnes pauvres, doivent se serrer encore la ceinture mais il faudrait en plus que l’État offre moins de services? Qui croira que « comprimer les dépenses de l’État » veut simplement dire  questionner ses dépenses? Il propose quoi, ce parti qui se dit social-démocrate? J’ai bien hâte de voir ce qu’il fera  à la veille des prochaines élections lorsqu’il devra se prononcer clairement sur les finances de l’État, la fiscalité, les droits de scolarité, la lutte aux inégalités sociales.

Mais, au fait, la dernière fois que le PQ et sa cheffe ont parlé d’inégalités et de pauvreté remonte à quand?

 

Françoise David

 

Monsieur le ministre,

Au moment où le Québec s’interroge sur l’intégration des nouveaux arrivants, un programme de formation et d’insertion à l’emploi pour femmes immigrantes risque de fermer ses portes, après quatre années d’investissement et  d’efforts soutenus. Parce qu’il ne trouve plus de financement gouvernemental.

Je voudrais vous parler d’Aïcha, de Marie-Carmelle, de Marie-Lourdes et de Nadège.  Ces femmes ont décidé de relever un défi redoutable : s’engager dans un processus exigeant de formation  afin d’obtenir une reconnaissance professionnelle et un emploi de préposées aux chambres dans de grands hôtels de Montréal. Elles l’ont fait au cours d’une formation de 13 semaines chez Service d’entretien Pro Prêt, dans le quartier Rosemont. Aujourd’hui, elles occupent des emplois majoritairement syndiqués et reçoivent des salaires variant entre 12 et 18 dollars l’heure.

Savez-vous, monsieur le Ministre, combien coûte ce programme d’insertion par femme participante?  Un petit cinq mille dollars.  Au moment où l’industrie hôtelière, à Montréal, est à la recherche de personnel qualifié, n’est-il pas aberrant de mettre fin à ce programme?

L’organisme Service d’entretien Pro Prêt est à la veille d’annoncer la mort de la formation de préposées aux chambres parce que tout financement lui est désormais refusé. Dans tous les ministères concernés, on lui dit que le travail accompli est excellent mais que le gouvernement doit maintenant financer de NOUVEAUX projets. On fait quoi de ceux qui ont démontré leur grande utilité?

Monsieur le ministre, vous préparez un budget dont les conséquences seront énormes pour l’ensemble des Québécoises et des Québécois. Vous devez prendre en compte les besoins des plus mal-pris d’entre nous, parmi lesquels beaucoup de femmes et d’immigrants. Vous devez soutenir les organismes communautaires et les entreprises d’insertion qui, au jour le jour, reçoivent et accompagnent des milliers de personnes en situation d’exclusion et de pauvreté. Si vous ne le faites pas, nous comprendrons alors que l’égalité et l’émancipation des femmes sont des mots que l’on aime écrire dans les textes gouvernementaux mais qu’au fond, les « vraies affaires » sont ailleurs. Peut-être dans les crédits aux minières?

 

Françoise David

 

Cet article a été diffusé dans le Devoir, le site internet de la Rue Frontenac ainsi que dans le Journal Métro

 

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