Hier, Omar Khadr a plaidé coupable à plusieurs accusations graves alors qu’il avait toujours clamé son innocence. Pourquoi ce revirement? Parce que c’était le seul moyen de sortir de Guantanamo un jour et d’espérer un rapatriement en sol canadien.

Le gouvernement canadien est totalement fautif face à l’emprisonnement de cet enfant-soldat dont le tort a été d’obéir à un père qui le traînait dans des milieux guerriers. A-t-il ou non jeté une grenade sur un soldat américain? On ne le saura peut-être jamais. C’était et c’est encore la guerre en Afghanistan. Un jeune de 15 ans, grièvement blessé, (la CBC  l’a démontré) s’est peut-être défendu contre ceux qu’il percevait comme des envahisseurs. L’important n’est pas là.

L’important c’est qu’il avait 15 ans et que le Canada a signé la convention internationale sur les enfants-soldats. On comprend que, désormais, le gouvernement de Stephen Harper n’aura aucun respect pour la signature du Canada relativement à divers traités internationaux. Je suppose que c’est ça que Harper appelle « agir selon ses principes »? Voilà l’excuse qu’il a donnée lorsque le Canada n’a pas obtenu le siège tant convoité de membre du Conseil de sécurité de l’ONU.

Et maintenant? Je pense que nous avons une responsabilité morale envers Omar Khadr, citoyen canadien et enfant-soldat. Celle de nous regrouper autour d’un objectif clair et atteignable : obtenir son rapatriement le plus vite possible au Canada. À ce titre, le mutisme des autres partis politiques québécois est étonnant. Étant donné qu’Amnistie internationale travaille dans ce dossier depuis plusieurs années, nous les encourageons à soutenir leur démarche!

Toutes et tous avec Amnistie!

Françoise David

J’étais à Gatineau, hier soir. 300 femmes de tous les milieux et âges revendiquent et fêtent leur complicité depuis la Marche de 1995. Une belle soirée!

Je me souviens… Je suis depuis un an présidente de la Fédération des femmes du Québec. Nous sommes le 26 mai 1995. Le soleil brille et 800 femmes, rassemblées dans trois contingents, s’apprêtent à marcher 200 kilomètres de Montréal ou Longueuil jusqu’à Québec. Aussi, de Rivière du loup à Québec. Toutes se retrouveront le 4 juin devant l’Assemblée nationale en compagnie de 20,000 personnes.

La marche Du pain et des roses est une folle aventure. La Fédération des femmes du Québec, que je préside à l’époque, n’a pas d’argent, elle a perdu des membres et peine à se faire entendre. Alors pourquoi ne pas marquer l’imaginaire en choisissant de marcher contre la pauvreté? Pas seulement celle des femmes mais celle aussi des personnes âgées, des jeunes sans-emploi, des itinérants. Les temps sont durs, on sort à peine d’une récession. C’est ainsi que des centaines de femmes marcheront durant 10 jours sur des routes de campagne. Deux cents kilomètres plus tard, elles ont conquis les coeurs et les esprits. Le gouvernement de Jacques Parizeau comprend qu’il doit répondre aux revendications des femmes. Nous réalisons des gains. Il faut dire que nous sommes à 5 mois d’un référendum sur la souveraineté…

La FFQ a désormais le vent dans les voiles, les adhésions affluent, la population la retrouve comme aux premiers jours, en 1966. Comme lors du débat public sur l’avortement dans les années 70. Comme dans la lutte pour le maintien de l’universalité des pensions de vieillesse.

Et vient la Marche mondiale des femmes en l’an 2000.

Au milieu des années 90, la Fédération des femmes du Québec a choisi au cours d’un congrès d’orientation d’être d’abord –mais pas uniquement-  la voix des femmes qui n’ont pas de place dans la société, de celles qui, occupées à survivre, ne peuvent envahir les médias ou les arènes politiques : femmes monoparentales, autochtones, immigrantes, handicapées, travailleuses à statut précaire et souvent sous-payées. Le combat contre les inégalités et la pauvreté est difficile dans un contexte où le gouvernement québécois recherche à tout prix ce qu’il appelle « l’équilibre budgétaire ». Il a coupé dans les budgets de l’aide sociale, de la santé et de l’éducation et augmenté au minimum (!) le salaire minimum. Alors, on récidive avec une autre marche mais cette fois, en mobilisant des femmes dans plus de 100 pays. L’aventure est tout aussi risquée qu’en 95. Nous connaissons mal les mouvements féministes des autres pays. Les différences culturelles, linguistiques, organisationnelles, voire religieuses, sont énormes. Et pourtant, nous réussissons. Pourquoi? Parce qu’au-delà des différences et des divergences, les féministes savent s’unir lorsque le bien-être des femmes l’exige. Nous nous rendrons jusqu’à l’ONU pour porter des revendications qui permettraient d’éradiquer les violences envers les femmes et de lutter efficacement contre la pauvreté.

Au Québec, le gouvernement de Lucien Bouchard est obnubilé par sa lutte au déficit. Il apporte des réponses navrantes comme le fameux 10 sous d’augmentation du salaire minimum! La colère des femmes est profonde. Ce gouvernement finira par adopter en 2002 la Loi cadre sur l’élimination de la pauvreté et il reprendra la construction de logements sociaux qu’il avait abandonnée. Trop peu trop tard. En 2003, Jean Charest et le parti libéral sont portés au pouvoir. En 2006 naît Québec solidaire, un parti féministe et de gauche.

Une très longue marche se poursuit.

Elles sont des milliers à parcourir en ce moment-même les routes du Québec en cette mi-octobre frileuse. On dira : encore? Mais n’ont-elles pas atteint l’égalité, ces Québécoises qui ont envahi tous les milieux de travail, sont majoritaires dans les cegeps et forment la moitié du Conseil des ministres?

Je me souviens qu’en 1995 et 2000 nous disions que les Québécoises étaient les championnes du travail précaire, sur appel, occasionnel, à temps partiel. La majorité d’entre elles ne bénéficiaient pas de la Loi sur l’équité salariale. Les coupes dans les services publics alourdissaient leurs responsabilités familiales. Les violences sexuelles ou conjugales de même que le harcèlement en milieu de travail, demeuraient très présents dans la vie de nombreuses femmes. Les femmes immigrantes étaient souvent sous-payées et confinées à des emplois dévalorisants. Les femmes autochtones subissaient plus que toutes les autres le fardeau d’une pauvreté immense assortie de problèmes sociaux dévastateurs. Cela a-t-il tant changé?

Malheureusement pas. Bien sûr, il y a les congés parentaux et les services de garde à 7$ par jour. Mais oui, des femmes se trouvent maintenant à œuvrer en milieu traditionnellement masculin et sont bien payées. MAIS :

L’abolition par le gouvernement Charest de la commission de l’équité salariale!

Les trop faibles prestations à l’aide sociale!

Les coupes dans les services publics qui se multiplient!

Les travailleuses (75%) des organismes communautaires à qui l’on demande d’accomplir des miracles sans qu’elles soient rémunérées convenablement!

Les violences qui n’en finissent pas!

Les aidantes dites « naturelles » qui n’en peuvent plus de prendre soin des malades sans soutien de l’État!

Les services de contraception et d’avortement peu disponibles, les femmes enceintes qui cherchent désespérément un soutien médical!

Les infirmières qui réclament des conditions de travail acceptables dans le réseau public!

On n’a pas fini de marcher! Il y a tant à gagner encore pour les femmes et pour un Québec de justice et d’égalité pour toutes et tous! Le gouvernement libéral a pourtant choisi la semaine dernière de voter contre une motion présentée par le député de Québec solidaire et qui appuyait des revendications portées par la Marche mondiale des femmes 2010. Cette semaine, il semble bien que la Ministre de la condition féminine soit invisible. Ce gouvernement  réalise-t-il que les femmes (la moitié de la population!) sont maintenant et pour toujours des actrices incontournables de la scène publique, sociale et politique?  C’est un pensez-y bien, monsieur Charest!

Mes amies, mes amis, toutes et tous à Rimouski dimanche!

Françoise David

Marcheuse en 1995 et 2000

Exceptionnellement, je voulais vous partager le petit communiqué émis par Québec solidaire sur le dénouement heureux de la mine chilienne:

Malgré le fait que les opérations de sauvetage ne soient pas terminées, Québec solidaire partage le bonheur des mineurs chiliens, de leurs familles et de l’Association des Chiliens du Québec (ACHQ) qui était réunie hier pour suivre en direct ce début de dénouement heureux.

« Après le tremblement de terre terrible de février dernier et la situation singulière des 33 mineurs , les Chiliennes et les Chiliens ont démontré toute leur solidarité. Au-delà de la prouesse technique admirable que représente cette opération de sauvetage, j’aimerais surtout saluer le courage et la détermination des mineurs eux-mêmes qui ont fait preuve d’une grande solidarité au cours des interminables semaines passées sous terre. Au pays de Salvador Allende, la solidarité a encore de beaux jours devant elle », déclare Françoise David, présidente et porte-parole de Québec solidaire.

Cette semaine, la rumeur s’est mise à enfler : un nouveau mouvement politique va voir le jour. Il deviendrait parti politique et proposerait une troisième voie à la population québécoise. François Legault et Joseph Facal en seraient les initiateurs.

Ce n’est pas la première fois qu’une telle éventualité est évoquée. Cette fois-ci serait-elle la bonne? Faisons comme si…

Un nouveau parti, ni fédéraliste ni souverainiste, ni totalement à droite ni (évidemment!) de gauche voit le jour. Il se dit de centre-droit et se refuse à adopter une position sur l’avenir constitutionnel du Québec. Mais alors, qu’a-t-il tant à dire? Pourquoi un nouveau parti politique?

Supposément parce qu’il faut enfin parler des « vraies affaires » : la dette, le manque de productivité des travailleurs québécois (on ne travaille pas assez, selon Lucien Bouchard!),la création de la richesse, la diminution du rôle de l’État, la privatisation des services de santé, etc. Mais n’ai-je pas déjà entendu cela quelque part? Entre autres, au PLQ, à l’ADQ, à l’Institut économique de Montréal?

Ça fait des années qu’on nous bassine avec ces idées. Une grosse crise économique plus tard, il me semblait que le temps était venu de parler d’autre chose : des profits honteux des minières, de l’absence de redevances dignes de ce nom sur l’eau et les autres ressources naturelles, de la protection de l’environnement, de l’abandon de nos personnes âgées, de la précarité du travail, de la non-reconnaissance du travail des femmes, de l’accroissement des inégalités de revenus et de tant d’autres choses.

Alors, une troisième voie, vraiment?  Celle-ci existe déjà et elle s’appelle Québec solidaire. Cela dit, si le mouvement de messieurs Legault et Facal voit le jour, eh bien nous serons présents dans le débat d’idées qui continuera au Québec.

Françoise David

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