En avez-vous assez de votre dose de mauvaises nouvelles quotidiennes (pertes d’emplois, faillites, scandales politico-financiers) ? Êtes-vous exaspérés de découvrir chaque jour de nouvelles fraudes ? Votre niveau de confiance envers les politiciennes et politiciens est-il descendu quelque part au fond des mers ?

Je comprendrais parfaitement que vous répondiez oui à toutes ces questions. Pourquoi ? Parce que, moi aussi, je suis en colère. Vous me connaissez : j’ai un tempérament plutôt calme. On me dit nuancée et posée. Mais là, maintenant, devant ces avalanches d’informations toutes plus navrantes les unes que les autres, j’ai envie de dire très fort : basta, c’est assez !

Assez des désastres écologiques, de l’échangeur Turcot que l’on veut refaire comme si on n’avait rien appris depuis les années 50. Assez des patrons qui gagnent 400 fois le salaire de leurs employés-es. Assez de ces mêmes patrons qui mettent à pied des milliers de personnes mais touchent des rentes extraordinairement élevées. Assez des minières qui font main basse sur nos ressources sans que, finalement, cela ne leur coûte rien. Assez de voir nos lacs mourir à cause de l’insouciance inexcusable des pouvoirs publics. Assez de mettre en place des organismes de charité pour les personnes pauvres plutôt que de lutter collectivement contre la pauvreté.

Je me rends bien compte que ma colère est aussi la vôtre. La nôtre. Le 28 avril, j’ai participé à une soirée organisée par l’Institut du nouveau monde, justement sur la crise. La salle applaudissait chaque fois qu’une personne s’en prenait aux dominants de la planète qui nous ont menti en nous promettant la prospérité universelle grâce aux bons soins d’un marché non-contrôlé. Les gens voient clair. Et osent maintenant poser de vraies questions.

Comme : le capitalisme ne serait-il pas porteur de « gènes » qui conduisent les riches et les puissants de ce monde à se croire tout permis du moment que le profit est au rendez-vous ? Aurons-nous l’audace collective de tenter d’imaginer un autre monde, une autre organisation économique, d’autres façons de vivre les rapports sociaux entre nous et entre les humains et la nature ? Remettrons-nous l’économie à sa place, c’est-à-dire au service des personnes et non le contraire ?

J’aimerais vous lire. Connaissez-vous des initiatives citoyennes ou politiques inspirantes ? Participez-vous déjà à des projets collectifs ? Pourquoi ne pas partager nos idées et nos expériences ? Chercher, avancer ensemble.

Québec solidaire lance aujourd’hui son manifeste sur la crise. C’est un début, une tentative de poser des questions nécessaires. À vous de continuer!

En lien avec l’actualité nationale publiée sur le site internet de Québec solidaire.

J’entreprends avec vous un voyage qui nous amènera à causer politique, livres, films, vie quotidienne et je l’entreprends…en autobus.

Ce matin, comme à chaque fois, je me dépêche pour ne pas rater le bus. Il arrive…mais le feu est rouge de mon côté. Qu’à cela ne tienne, le chauffeur m’attend gentiment. Qui a dit que tous les chauffeurs sont grognons et détestables ? Sur la ligne 197, ils-elles sont plutôt aimables, les gens les saluent, certains-es piquent une causette. On est au pays des merveilles ? Non, simplement sur le boulevard Rosemont, à Montréal.

Le soleil chauffe les fenêtres du bus et mes pensées vagabondent. Tiens, le marché Métro est fermé. La crise ou une rationalisation pour faire face à la concurrence ? En tout cas, ce ne sera pas pratique pour les gens du quartier sans parler des travailleuses et des travailleurs qui viennent de perdre leur emploi. Plus loin, le marchand d’automobiles. Un autre qui va avoir des difficultés ! Et le nouveau resto beau, bon et pas trop cher. Comment va-t-il ?  Il paraît que des centaines de restos ont fermé en 2008. Lorsque les finances familiales sont serrées, on mange à la maison.

Rue Papineau. Dans ce secteur du quartier, trop de gens vivent pauvrement dans des logements insalubres. En fait, ce sont souvent des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. Il n’y a pas de centre de jour pour les accueillir. Plusieurs logent dans des maisons de chambre. De temps en temps, on en voit dans l’autobus se parler à eux-mêmes, dans un univers où nous n’avons pas accès.

Le parc Marquette, l’école secondaire, l’aréna et, à l’horizon, l’église Saint-Ambroise,  jamais terminée, œuvre du grand architecte québécois Cormier  et dont on a remplacé certaines briques blanches d’origine par des briques de teintes différentes. Une autre blessure patrimoniale dans ce Montréal pas toujours respectueux de son passé.  Le printemps est enfin arrivé et nous verrons tous les jours, tous les soirs, des dizaines de jeunes jouer au soccer dans des costumes colorés. L’école Marquette, qui se remet d’un incendie, c’est celle du quartier. Ses enseignants-es éduquent des milliers d’adolescents-es avec les moyens du bord, ceux de l’école publique. Je suis certaine que son dynamique directeur aimerait bien disposer de plus de ressources, d’un personnel plus nombreux, de classes moins lourdes. Est-ce qu’on se décidera un jour à miser sur l’école publique plutôt que de verser des subventions à l’école privée ? Est-ce que l’on comprendra que la mixité sociale, c’est bon pour les élèves que l’on dit « forts », pour celles et ceux qui sont dans la moyenne et pour les autres qui rament  afin d’ y arriver ?

Je poursuis mon voyage. Une résidence pour personnes âgées. J’y suis allée en campagne électorale. L’accueil a été chaleureux comme à chaque fois que je me retrouve avec des personnes âgées. Mais pour qui ont-elles voté ?

St-Hubert : bientôt une bibliothèque publique pour les résidents-es de l’ouest de la Petite-Patrie. Et un développement domiciliaire où il y aura des logements sociaux. Voilà des projets qui revitalisent un quartier. Voilà de belles propositions à faire pour des avenues de sortie de crise : investir dans l’utile, dans la culture, dans le bien-être des gens. Y aura-t-il aussi des logements sociaux dans l’îlot Bellechasse ? Il le faut !

Métro Rosemont, tout le monde descend. Le livreur du « 24 heures » me tend un journal…que je refuse en souriant. Le 24 heures fournit des articles au Journal de Montréal en grève, donc, je ne prends pas. Le livreur est âgé, tous les jours il est là, à l’extérieur du métro, beau temps mauvais temps. Je me demande bien combien il est payé… ? Au salaire minimum ou au nombre de copies distribuées ? Je lui demanderai la prochaine fois…

Vous prenez l’autobus ? À quand remonte votre dernier voyage ? Vous lisez dans le bus, vous écoutez de la musique, vous réfléchissez ?

À bientôt, pour un autre voyage,

Françoise David

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