Thèmes / Économie

Il y avait eu le budget. Un budget scandaleusement injuste et néfaste pour la population. Cette semaine, le 12 avril, l’ex-ministre de la justice, Marc Bellemare, lance des accusations graves à l’endroit de Jean Charest et de son gouvernement. L’ex-juge Bastarache devient président d’une commission d’enquête sur la nomination des juges.

Beau bordel! Si Jean Charest croit en finir avec les allégations de corruption et de collusion qui pleuvent sur son gouvernement depuis un an, il se trompe grandement. La population et Québec solidaire continuent de réclamer une commission d’enquête faisant toute la lumière sur la corruption et la collusion avec le monde politique dans les milieux de la construction, des entreprises de génie-conseil ou d’informatique de même que sur la nomination des juges. On veut savoir comment ces entreprises influencent les partis politiques par un financement déguisé et quelles faveurs elles reçoivent en retour.

Combien coûte la corruption à l’État québécois et à la population? Combien coûtent les impôts et taxes impayés par de grandes entreprises et des contribuables très riches? Quand on pense que le même gouvernement a le front de vouloir nous imposer des coupes sévères dans les services publics et des hausses de taxes et de tarifs…!

La colère gronde dans la population. Cette colère est parfaitement justifiée. Mais je suggère que nous ne nous laissions pas abuser par des gens qui veulent profiter de notre indignation légitime pour nous en passer une p’tite vite : le démantèlement de larges pans de notre fonction publique et la privatisation de nos services publics sous prétexte de dégraissage de l’État. C’est bien beau, parler de « faire le ménage » mais encore faut-il réaliser ce que voudrait dire le largage de responsabilités dévolues à l’État. Par exemple, voulons-nous vraiment supprimer des postes dans l’inspection des bâtiments, des viaducs, des ponts? Voulons-nous vraiment privatiser davantage les services de santé?

J’en connaissais un qui aurait crié sa colère sur tous les toits devant ce qui apparaît de plus en plus comme une vaste opération de dévalorisation de l’État. Il s’appelait Michel Chartrand. C’était un homme passionnément épris de justice sociale. Il avait ses défauts, bien sûr, mais l’immense qualité d’être demeuré intègre tout au long de sa vie.

Samedi matin, à Longueuil, nous serons très nombreux-ses à lui rendre un dernier hommage.

Ce midi, je serai devant l’hôtel Reine-Élizabeth. Je n’en reviens toujours pas que la Chambre de commerce de Montréal ait invité George W. Bush, cet individu sans foi ni loi à s’exprimer dans un dîner à 400$ le couvert. Cette invitation me met en colère. Avons-nous déjà oublié les 8 années de la présidence Bush, des années désastreuses aux plans politique, économique, social, environnemental? Pour mémoire, rappelons quelques faits :

Le tout premier geste de Bush après son élection en 2000, a été de couper les vivres aux ONG qui travaillent avec des femmes de pays du sud sur la contraception et l’avortement. Des subventions rétablies par Barak Obama. Il faut savoir que ces ONG sont souvent les seules à pouvoir proposer à des femmes très pauvres les moyens de décider par elles-mêmes des enfants qu’elles veulent.

Comment ne pas nous rappeler ensuite que nous étions plus de 200 000 à Montréal en 2003 à marcher dans la neige et le froid contre la guerre en Irak? Cette guerre-là, Bush l’a justifiée à coups de mensonges soigneusement mis en scène. Et ce fut, c’est encore un désastre. Le comble a été la découverte de nombreux actes de torture perpétrés par des soldats étatsuniens « brainwashés » par la Maison Blanche. Bush avait autorisé cela au nom de la lutte contre le terrorisme. L’ex-président n’hésitait pas à se réclamer d’un combat de la civilisation contre le mal. Moi qui croyais qu’un être civilisé se doit de respecter les droits humains!

Continuons. A-t-on oublié l’obscurantisme de cet homme qui niait l’importance des gaz à effets de serre et refusait de signer l’accord de Kyoto? Ça faisait son affaire, bien sûr, tout comme ça plaisait à ses amis des multinationales américaines dans le domaine des énergies fossiles. Réalisons-nous que George W. Bush et ses amis du monde de la finance ont conduit le monde à l’une des pires crises économiques et écologiques depuis 1929? Les taux de chômage sont élevés, la faim fait des ravages, les inégalités sociales sont criantes. En plus, les États –grâce aux impôts et aux taxes que nous leur payons- viennent à la rescousse d’entreprises aux profits excessifs, facilités par la complaisance de gouvernants qui ont agi selon le modèle Bush. Ils ont créé la crise et c’est nous qui payons. Formidable, non?

Pour toutes ces raisons, et tant d’autres, je serai parmi les manifestants, protestant contre la venue de Georges W Bush au Canada et à Montréal. Nous ne voulons pas entendre ses autojustifications. Sa place n’est pas ici : elle devrait être devant un tribunal pour criminels de guerre. Quant à nos dirigeants économiques, ne devraient-ils pas être en train de consacrer toutes leurs énergies à lutter contre la crise, à créer des emplois, à imaginer le Québec de demain? S’ils manquent d’inspiration, je leur suggère des dîners causerie avec des personnes comme Laure Waridel, Nancy Neamtam, Daniel Breton, Joseph Stiglitz. Des gens aux idées audacieuses, progressistes, qui ont mille idées pour le Québec et pour un monde prospère, juste et écologique.

Bonjour à tous-tes,

J’ai lu avec intérêt la plupart de vos commentaires sous mon dernier billet, et ça m’a donné le goût de poursuivre avec vous la discussion entamée la semaine dernière. Tenir un blogue peut être utile pour réfléchir collectivement sur des enjeux, et je suis bien contente de pouvoir le faire avec vous!

Certains m’écrivent que j’ai raison d’être en colère et de mettre en doute le capitalisme. Mais vous vous demandez comment en venir à bout.

Honnêtement ? Je n’ai pas de réponse toute faite à cette énorme question. Ça fait bien longtemps que je ne crois plus au Grand Soir. Ce à quoi je crois ? Aux milliers d’initiatives citoyennes qui fleurissent au Québec. Aux coopératives. Aux projets d’agriculture soutenue par la communauté. Aux services mis sur pied par des centaines d’organismes communautaires. Je crois à des services publics universels, gratuits, accessibles également à tout le monde. Je me réjouis des Forums sociaux qui se multiplient aux quatre coins de la planète et réunissent des millions de personnes engagées dans leurs communautés.

Mais je pense aussi que cela ne suffira pas pour assurer à chaque être humain, au Québec et ailleurs, un revenu décent, une vie digne, des réseaux sociaux intéressants, un environnement sain. Il faut plus. Une action politique décidée, courageuse, cohérente. Une fiscalité juste et équitable. Des politiciens-nes qui soutiennent le développement d’une économie verte et d’entreprises respectueuses des droits des travailleuses et des travailleurs. Des gouvernements qui travaillent pour les intérêts de la majorité et non qui se font les complices des riches et des puissants.

Est-ce rêver en couleur ? Non, surtout si on évite de tomber dans les solutions simplistes. Si on tire des leçons des erreurs du passé. Et, pour moi, la Russie stalinienne fut plus qu’une erreur : une catastrophe humaine et économique.

Oui, à mes yeux, la remise en question du capitalisme est une nécessité. Faisons-le avec les gens en les mobilisant dans des projets porteurs d’espoir. Demandons-nous si une certaine décroissance est souhaitable et possible. Réfléchissons à nos choix environnementaux. Cherchons ensemble comment renouveler la démocratie. Demandons-nous quel rôle nous voulons donner à l’État dans l’organisation de la société.

De grandes questions, n’est-ce pas ?

Plus simplement, des réponses possibles à des questions bien concrètes :

-Comment retrouver des emplois dans la forêt ? Certainement pas en continuant de subventionner l’industrie forestière et en la laissant piller nos forêts. Je propose plutôt que les villes et villages concernés se donnent des plans sur 20 ans ! Qu’on encourage le développement de coopératives pour une gestion ordonnée de la ressource forestière. Et pour tout de suite, que des moyens soient fournis aux travailleurs qui ont perdu leur emploi pour se recycler ou pour assurer aux plus âgés une retraite convenable.

-Devrait-on imposer un salaire maximum ? À mon avis, oui et ça presse, entre autres parce que l’écart de revenus entre les plus riches et les plus pauvres ne cesse de s’accroître ! D’ailleurs, à votre avis, quel devrait être ce maximum?

-Est-il raisonnable que l’État nous oblige à payer des impôts ? Oui, bien sûr ! Après tout, c’est avec nos impôts que l’État ouvre des hôpitaux, des écoles, des centres d’emploi. C’est avec nos impôts qu’il assure du transport en commun, des Centres à la petite enfance, le recyclage de nos déchets. On a besoin de ces services et on les veut pour tout le monde, sans distinction.

Encore une fois, merci de m’écrire. Continuons les discussions !

En avez-vous assez de votre dose de mauvaises nouvelles quotidiennes (pertes d’emplois, faillites, scandales politico-financiers) ? Êtes-vous exaspérés de découvrir chaque jour de nouvelles fraudes ? Votre niveau de confiance envers les politiciennes et politiciens est-il descendu quelque part au fond des mers ?

Je comprendrais parfaitement que vous répondiez oui à toutes ces questions. Pourquoi ? Parce que, moi aussi, je suis en colère. Vous me connaissez : j’ai un tempérament plutôt calme. On me dit nuancée et posée. Mais là, maintenant, devant ces avalanches d’informations toutes plus navrantes les unes que les autres, j’ai envie de dire très fort : basta, c’est assez !

Assez des désastres écologiques, de l’échangeur Turcot que l’on veut refaire comme si on n’avait rien appris depuis les années 50. Assez des patrons qui gagnent 400 fois le salaire de leurs employés-es. Assez de ces mêmes patrons qui mettent à pied des milliers de personnes mais touchent des rentes extraordinairement élevées. Assez des minières qui font main basse sur nos ressources sans que, finalement, cela ne leur coûte rien. Assez de voir nos lacs mourir à cause de l’insouciance inexcusable des pouvoirs publics. Assez de mettre en place des organismes de charité pour les personnes pauvres plutôt que de lutter collectivement contre la pauvreté.

Je me rends bien compte que ma colère est aussi la vôtre. La nôtre. Le 28 avril, j’ai participé à une soirée organisée par l’Institut du nouveau monde, justement sur la crise. La salle applaudissait chaque fois qu’une personne s’en prenait aux dominants de la planète qui nous ont menti en nous promettant la prospérité universelle grâce aux bons soins d’un marché non-contrôlé. Les gens voient clair. Et osent maintenant poser de vraies questions.

Comme : le capitalisme ne serait-il pas porteur de « gènes » qui conduisent les riches et les puissants de ce monde à se croire tout permis du moment que le profit est au rendez-vous ? Aurons-nous l’audace collective de tenter d’imaginer un autre monde, une autre organisation économique, d’autres façons de vivre les rapports sociaux entre nous et entre les humains et la nature ? Remettrons-nous l’économie à sa place, c’est-à-dire au service des personnes et non le contraire ?

J’aimerais vous lire. Connaissez-vous des initiatives citoyennes ou politiques inspirantes ? Participez-vous déjà à des projets collectifs ? Pourquoi ne pas partager nos idées et nos expériences ? Chercher, avancer ensemble.

Québec solidaire lance aujourd’hui son manifeste sur la crise. C’est un début, une tentative de poser des questions nécessaires. À vous de continuer!

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