Joie et détermination. Voilà les sentiments qui s’exprimaient cet après-midi, 12 février, lors d’une marche réunissant des centaines de Québécois-es d’origine tunisienne, égyptienne, algérienne, marocaine et autres.  Amir et moi étions présents pour témoigner de notre solidarité et de notre affection à tous ces gens à la fois heureux, combatifs et inquiets.

Heureux car dans deux pays, des jeunes et des moins jeunes ont vaincu leur peur et forcé des dictateurs à « dégager ». Tous les espoirs semblent permis pour la suite des choses, non seulement chez-eux mais dans des pays voisins.

Combatifs : c’était le plus beau.  Nos compatriotes d’Afrique du nord et du Proche-Orient sont déterminés à soutenir celles et ceux qui, dans leur pays d’origine, continuent de se battre pour la liberté

Inquiets  car rien n’est acquis. Une fois les manifs terminées, les peuples craignent de se faire voler leur révolution. Il y a effectivement de quoi être inquiet et parions que leur vigilance sera extrême.

À la fin de la marche, Amir et moi avons adressé quelques mots aux personnes présentes. Nous les avons remerciés  puisque les gens de leurs pays en lutte nous inspirent pour nos propres combats.  De voir des populations entières dans la rue peut donner des idées, non? Nous les avons aussi assurés d’un soutien indéfectible car leur lutte pour la démocratie, la justice et la liberté est exemplaire.

De retour chez-moi je ne peux m’empêcher de penser à tout ce que j’ai lu et entendu depuis septembre 2001 sur les populations arabo-musulmanes. Combien de fois ai-je répété  qu ‘on peut être musulman sans être extrémiste?  Combien de fois ai-je dit que ces peuples d’Afrique du nord - qu’au fond, nous connaissons peu et mal- rêvaient sans doute de liberté et de justice autant que nous? Ne sont-ils pas en train de prouver au monde qu’ils sont prêts à donner leur sang  pour la démocratie, la liberté d’expression, la lutte contre la corruption, etc. Se pourrait-il qu’enfin nous les regardions avec plus de respect, sur la base d’analyses un peu plus subtiles et justes?

Une belle journée, vraiment!

Françoise David

Votre point de vue (5 commentaires)

  1. the Ubbergeek
    Dimanche 13 février 2011 à 22 h 56

    Faut dire que la Révolution Iranienne a été dévoyée-trompée (ce ne sont pas des arabes, mais des ‘perses’/iarniens!), alors… et les groupes islamistes guettent.

    Mais bon, il y aussi des indices qu’ils ont été surpris aussi et sont ‘pwnés’.

    Aussi, il y a des cas où une armée a joint une révolution (Portugal au moins, la Révolution Carnation/Coquelicos(?)), et une armée peut défendre au moins le légalisme et l’état contre, par example des islamistes, même sans défendre la démocracie tout cours (l’armée turque n’accepterai JAMAIS une dictature islamiste).

  2. claude charest
    Lundi 14 février 2011 à 10 h 39

    En démissionnant, vendredi, Moubarak a confié le pouvoir au conseil suprême des forces armées, et le plus grand flou entoure les prérogatives actuelles de Souleimane, le V.P.

    Voici ce que demande la Coalition pour le changement :

    . Levée de l’état d’urgence,
    . Formation d’un conseil présidentiel et d’un gouvernement d’union nationale,
    . Dissolution du Parlement et la mise sur pied d’une commission chargée d’écrire une nouvelle constitution,
    . Des réformes garantissant les libertés fondamentales, notamment de la presse et le droit de constituer librement des partis politiques,
    . Ouverture d’une enquête sur les accusations de corruption au sein du régime et que les responsables de décès de manifestants soient traduits en justice.

    Ce n’est pas du tout ce que l’armée s’apprête à faire. Elle a dissous les chambres et prend l’entier pouvoir. Elle fait des promesses de tenir des élections. Il n’y a pas là de Révolution mais une nouvelle garde du régime de Moubarak. Appelons cela une « Révolte ». C’est grandiose mais très insuffisant. Les USA sont toujours bien en selle avec l’armée égyptienne à ses ordres.
    Le peuple égyptien devra se battre encore et encore pour pouvoir enfin dire « nous avons fait une vrai révolution » ce qui implique un changement de régime complet avec le peuple au pouvoir.

  3. Jean-Luc Autret
    Lundi 14 février 2011 à 11 h 53

    Je suis vraiment bien content qu’autant la population de la Tunisie que de l’Égypte souhaite vivre dans une démocratie comme la notre.

    C’est un bel exemple que le Canada est loin d’être un pays irrespectueux de ses citoyens.

    Je ne comprends pas vraiment pas pourquoi un parti comme Québec Solidaire s’entête à se dire souverainiste.

    Vous devriez reconnaitre que la population était divisé en deux en 1995 et qu’aujourd’hui la majorité des gens sont passés à d’autres choses.

    Considérant que le Québec reçoit un chèque de péréquation de plus de 8 milliards de dollars par année, je me demande comment vous feriez pour continuer à offrir les services publics actuels et tous ceux que vous souhaitez ajouter ???

  4. Benoit Renaud
    Lundi 14 février 2011 à 14 h 57

    Merci Françoise pour ce mot empreint de ta sagesse et de ta perspicacité habituelles.

    Il est indéniable que l’Égype vient de connaître une sorte de révolution. La nouvelle situation politique en Égypte est bien différente de ce qu’elle était il y a trois semaines. De facto, la population a gagné le droit de manifester, de s’organiser, de diffuser des idées, etc. C’est vrai que les militaires sont en contrôle, mais seulement parce que la population leur fait confiance et leur donne le bénéfice du doute. Si jamais les militaires reniaient leur promesse de tenir des élections libres, de réviser la constitution, etc.il y aurait un nouveau soulèvement encore mieux organisé que le premier.
    D’ici là, le mouvement démocratique et la société civile continuent à lutter sur plusieurs fronts, comme par exemple les grèves qui se multiplient, maintenant que les travailleuses et travailleurs n’ont plus peur de se faire mettre en prison et torturé pour activité syndicale. Les militaires veulent interdire ces grèves. Le mouvement démocratique doit défendre ce droit et établir une alliance solide avec le mouvement ouvrier. Autrement, une alliance des militaire avec les grandes entreprises pourrait imposer des reculs sociaux et démocratiques.
    Mais sommes toutes, le monde à changé en ce 11 février, et on ne pourra plus revenir en arrière. Pour nous, ici, c’est l’image du monde « arabo-musulman » qui vient de changer, comme le souligne Françoise. Ces gens sont comme nous! Ils et elles ont besoin de notre solidarité, pas de nos jugements et des politiques colonialistes de nos gouvernements.

  5. the Ubbergeek
    Lundi 14 février 2011 à 21 h 19

    Jean-Luc, le mythe de la dépendance à la péréquation est un canard faux agité par les fédéralistes et démonté plusieurs fois.

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