C’est reparti! Il aura fallu que la SAAQ et la RAMQ prennent des décisions pour le moins discutables et le Québec entier s’énerve. Mais non, je ne suis pas d’accord que l’on exige un-e employé-e du même sexe que le sien dans un service public. Je fais une exception pour les personnes malades ou vieillissantes qui réclament des personnes de leur sexe pour des soins intimes, par exemple. Et je crois que là-dessus tout le monde s’entend.

Le Québec est une société laïque où règne la mixité des sexes, à l’école, à l’hôpital, dans les CPE, dans les services publics. C’est comme cela que nous voulons vivre ici. Et que veulent vivre la quasi-totalité des personnes immigrantes.

Là où je décroche, c’est quand tout le monde se remet à s’énerver. Oui il faut mettre des balises aux accommodements. Non ce ne sont pas tous les immigrants-es qui demandent des accommodements pour des raisons religieuses mais une infime minorité. Donc, il n’y a aucune raison de faire de cette question un drame national.

Il faut dire que le gouvernement Charest manque singulièrement d’audace et de bon sens en refusant un débat public sur l’épineuse question de la laïcité au Québec. Nous n’avons pas élaboré de modèle. Chacun-e y va de sa définition de la laïcité. On s’inspire parfois de la France sans toujours connaître toute la situation. Sait-on qu’en France, par exemple, l’école religieuse privée est largement subventionnée par l’État? Pour un pays où la laïcité a force de loi depuis 1905, c’est étonnant, non?

Respirons par le nez. Il y a eu quelques demandes d’accommodements déraisonnables. Il faut y voir. Mais savez-vous que 0,3% seulement des enfants de la Commission scolaire de Montréal ont demandé des accommodements ces dernières années? Pourtant plus de 50% des élèves sont nés hors Québec.

Ce qu’il faudrait? Un véritable débat sur la laïcité suivi de l’adoption d’un texte, charte ou livre blanc, ou… Quelque chose de clair qui aide à tracer la ligne. Dans le plus grand respect, bien entendu de valeurs fondamentales telles que l’égalité entre les femmes et les hommes.

Il faut l’exiger du gouvernement Charest!

Françoise David

Votre point de vue (13 commentaires)

  1. Hélène Samuel
    Vendredi 16 octobre 2009 à 15 h 08

    Tout à fait d’accord avec vous Madame.
    J’ai tellement hâte de vous voir ÉLUE À LA TÊTE DE NOTRE PAYS!
    Solidairement vôtre!

  2. Maël Rannou
    Samedi 17 octobre 2009 à 04 h 36

    Bonjour madame David,

    J’ai longtemps pensé vous écrire mais ne l’ai jamais fait, je pense que ce sera plus régulier désormais.

    Je m’appelle Maël Rannou et suis membre de Québec Solidaire depuis le 8 décembre dernier, la victoire d’Amir m’ayant poussé à franchir le pas, je suivais cependant depuis plusieurs mois les actions de QS.

    Je suis membre « Hors québec », de fait je ne suis pas canadien, je suis né et habite toujours en France. J’ai une passion forte pour le Québec et mon encartement avait valeur de soutien, car je crois que ce que vous portez est essentiel pour le Québec d’aujourd’hui.

    J’appuie la pertinence de votre propos, ce qui est dramatique c’est que même en France certains ignorent que l’état finance les écoles privées dites « sous contrat » (il existe d’autres écoles réellement privées, non soumises à l’emploi du temps du public, passant les examens en candidats libres etc… principalement des écoles de congrégations religieuses qui - elle - n’ont pas un sou de l’état, et heureusement !). A mes yeux c’est un scandale, particulièrement dans la campagne française ou la religion a un poids fort, rien n’est fait pour soutenir le public qui devient la « solution de la dernière chance », à l’exception de certains parents militants (les miens par exemple) qui, bien qu’ayant les moyens, mettent leurs enfants dans le public. J’ai reçu un enseignement d’extrême qualité, étant croyant par ailleurs j’allai au catéchisme à l’extérieur du collège, et j’en ai retiré de très bon souvenir ainsi que la conviction que la religion ne doit en aucun cas se mêler de l’Etat.

    Et ce n’est pas gagné, surtout en France où actuellement Nicolas Sarkozy détruit allègrement les acquis laïques qui perduraient. Les gens ayant tous 1905 en mémoire ne bougent guère sur ce sujet, et il y a toujours plus d’argent pour les écoles privées (et le privé, mais ça c’est parce que nous somme dans un gouvernement ultra-libéral…). Et c’est sans compter l’Alsace/Lorraine. Il s’agit d’une région de France qui était allemande en 1905, la loi ne s’y applique donc pas (en vertu de la non rétroactivité des lois). Résultat : dans cette région les écoles privées sont gratuites, les prêtres, pasteurs, rabbins et imams fonctionnaires de l’Etat ! Et bien sûr, depuis 100 ans, personne n’a pensé à proposer une lois sur la laïcisation de cette région… le bal des hypocrites…

    Menez ce combat sans hargne mais avec force, c’est le combat de l’émancipation intellectuelle il est essentiel de conserver les acquis que la laïcité apporte. Il y a du chemin à faire partout mais avec vous le Québec est en bonne voie je pense…

    En espèrent pouvoir croiser des gens de QS lors de mon prochain voyage (en août !) je vous dit à très bientôt sur ce site !

    M.R.

  3. simone may
    Jeudi 22 octobre 2009 à 09 h 28

    Chère Madame David,

    J’analyse votre carrière publique depuis au moins 20 ans, et il y a quelque chose qui m’échappe dans votre prise de position vis à vis du port du voile chez les nouvelles arrivantes…..

    Nous les femmes du québec avons déchiré notre linge et nos brassières dans les années 70 et 80 pour que les hommes nous traitent d’égales à égaux, et soudainement « out of the blue » plus personne ne s’indigne devant des hommes qui imposent le port du voile à des femmes qui oui le veulent, mais sont elles-mêmes victimes de répression et de pression depuis leurs plus tendre enfance.

    Quand ,vous qui avez été présidente de la fédération des femmes du québec pendant si longtemps, vous lèverez vous, DÉCHIREREZ VOUS VOTRE LINGE, et crucifierez-vous sur la place publique, comme vous le fites si bien avec nos bons petits québécois devenus roses , ces mohamed qui nous font hontes à nous les québécoises d’abord et avant tout, et qui doivent donner la gueule sûre à tous nos petits maris roses dont on a si inélégamment fait plier les genoux ?

    Je ne crois pas que vous le fassiez un jour, ET POURTANT, cet enjeu est crucial dans la tête du bon petit peuple québécois d’origine….

    Nous les québécois(es), n’en voulons pas de ces valeurs rétrogrades du prophète mahomet: nous sommes un peuple laïque, qui est sorti de la grande noirceur, nous vivons libres: straight, gay, lesbiennes et entendons bien le demeurer: QUE LES NOUVEAUX ARRIVANT L’ENTENDENT, NOUS LES QUÉBÉCOIS(ES) NE VOUS LAISSERONS PAS TRANSFORMER LE QUÉBEC EN « NOUVELLE-FRANCE D’ALGÉRIE », ou autre alsace/lorraine

    NON AUX ACCOMODEMENTS RAISONNABLES, MAITRES CHEZ NOUS!

  4. Bertrand Lévesque
    Vendredi 30 octobre 2009 à 14 h 39

    Chère Simone,

    Je ne sais pas ce qui t’arrive ! Pourquoi penses-tu que les femmes qui portent le hijab le font sous la contrainte. Et combien en connais-tu au juste ?

    Une de mes voisines le porte et pourtant elle est veuve et habite seule. C’est juste très important pour elle de mettre ça sur ses cheveux car elle est très croyante.

    Alors que veux-tu, « libérer » ma voisine en lui arrachant son voile de la tête ? Pour elle ça ne serait rien d’autre qu’une humiliation, et c’est exactement ce qui s’est passé en France avec les jeunes filles à qui on a interdit le port du voile à l’école. Pour la plupart, elles l’ont vécu comme une humiliation. Mais bien entendu, on est toujours là pour les « défendre » mais rarement pour leur donner la parole !

    Pas très progressiste comme attitude. La moindre des tolérances c’est bien de laisser les gens s’habiller comme ils le veulent non ?

  5. Émilie
    Dimanche 1 novembre 2009 à 22 h 06

    Les gens raisonnables n’ont pas besoin d’accomodements…

  6. Mario Jodoin
    Mardi 3 novembre 2009 à 00 h 30

    J’ai des collègues handicapés très raisonnables, et ils ont besoin d’accommodements !

    On porait aussi dire que les gens gens raisonnables n’ont pas de difficulté à accorder des accomodements !

  7. Yves Claudé
    Mardi 12 janvier 2010 à 22 h 16

    Bonjour,

    Permettez-moi de partager avec vous quelques préoccupations au sujet de l’avenir de notre société québécoise.

    Comment préserver notre passé, nos racines historiques, tout en construisant un Québec moderne ?

    Un large consensus est établi dans la population sur le caractère laïc de nos institutions publiques et sur le principe de l’égalité des femmes et des hommes.

    Cependant, le gouvernement québécois actuel, tout en affirmant ces principes, les contredit dans la pratique, en permettant par exemple toute une série d’« accommodements » déraisonnables, qui vont à l’encontre de la neutralité de l’État et de l’égalité entre les sexes !

    Le nouveau parti présent à l’Assemblée nationale, Québec Solidaire, qui a pu représenter pour certains une forme d’espoir, a dans les faits le même genre d’attitude. Les résolutions du récent congrès (novembre 2009) de QS sont en effet étonnantes et désolantes, dans leur négation des valeurs sociales et culturelles du Québec moderne. C’est sur ce sujet que je vous livre une réaction « à chaud » (à la suite de ce message), sans les nuances qui s’imposeraient … mais il faut que les choses soient dites !

    Je crois très sincèrement que QS fait une erreur historique sur la question de l’intégration ethno-culturelle et de la laïcité de l’État québécois. Il suffit de suivre les débats sur les divers forums pour constater que QS récolte la sympathie d’intégristes islamiques, et se met à dos la grande majorité de la population québécoise, y compris les Québécois de culture musulmane qui désirent s’intégrer dans notre société sans vouloir la déstabiliser dans ses fondements modernes, laïcs et égalitaires.

    Ce calcul électoraliste de QS n’est même pas « payant », et il est de plus irresponsable si l’on pense à l’avenir de la société québécoise !

    Je fais partie de ces nombreux immigrants qui veulent contribuer à bâtir un Québec indépendant, moderne et progressiste, et non une société se résumant à une collection de ghettos ethniques.

    Dans cette perspective, il est important d’assumer pleinement la question nationale, tout autant que la question sociale, sans oublier la question identitaire :

    À ce sujet, la communauté scientifique des sociologues n’est pas toujours exemplaire :
    -certains réduisent le Québec à une « nation civique » sans racines
    -d’autres le réduisent à une « nation ethnique » amputée de sa modernité contemporaine.

    Selon moi, le Québec est à la fois une nation moderne, avec ses racines historiques, sociales et culturelles, et une société moderne construite sur les fondements de cette nation. La nation québécoise ne peut se développer et s’émanciper dans le carcan d’un État « fédéral » qui tente de la réduire à une communauté ethnique parmi d’autres. Le combat pour la construction d’un État indépendant, moderne, laïc et progressiste, est à poursuivre, sans concessions !

    En vous remerciant de votre attention

    Cordialement

    Yves Claudé
    Sociologue – le 12 janvier 2010.
    [email protected]

    ******

    « Québec Solidaire » et la laïcité …

    Comme l’avaient appréhendé certains militants de Québec Solidaire, les orientations néo-traditionnelles et anti-laïques de cette organisation (cf le congrès de QS de novembre 2009) ont pour principales conséquences :

    -de discréditer les mouvements progressistes au Québec
    -de contribuer au développement d’un courant d’hostilité envers l’ensemble des citoyens issus de l’immigration

    Yves Chartrand (de QS) avait bien saisi la dérive idéologique et sociale qui se profilait derrière le concept bien-pensant de « laïcité interculturelle » : qui « ne fera qu’accentuer la division et encourager bien involontairement l’incompréhension et la xénophobie » (*)
    (*) : http://programme.quebecsolidaire.net/contributions/integration_citoyenne

    Louis Gill (de QS) avait aussi – en vain – signalé cette dérive : « Au nom de Québec solidaire, Françoise David et Amir Khadir ont donné un appui explicite au port de signes religieux par les employés de l’État, une recommandation du rapport qui est l’objet de fortes réserves, voire de profonds désaccords de la part des organisations syndicales et des organismes voués à la défense de la laïcité. » (**)
    (**) http://programme.quebecsolidaire.net/reflechir/quelle_integration/laicite_egalite_des_sexes_identite_question_nationale

    On se souvient par ailleurs que QS avait adhéré d’une manière non-critique aux conclusions du Rapport Bouchard-Taylor, et avait applaudi naïvement à la mise en place du cours « Éthique et Culture Religieuse », instrument pédagogique de l’imposition d’un multiculturalisme d’inspiration fédéraliste et trudeauiste dans la formation citoyenne des élèves.

    L’angélisme absolu de QS dans ce domaine atteint un sommet, lorsque des cadres du parti mettent de l’avant des mesures racialistes, c’est-à-dire objectivement racistes :
    « Nous proposons aussi que la Loi électorale contienne des mesures contraignantes et incitatives (financières et autres) pour accroître la représentation de personnes immigrantes et des minorités visibles. On pense ici à la majoration de l’allocation annuelle accordée aux partis politiques en fonction de certains critères en lien avec les candidatures présentées ou élues. » (F. Saillant - S. Lessard) (***)
    (***) http://programme.quebecsolidaire.net/contributions/les_communautes_culturelles_et_l8217immigration_7

    Dernièrement, le Secrétaire général de QS, Monsieur Benoît Renaud, a fait paraître dans le quotidien Le Devoir un texte d’opinion sur la laïcité :
    « Port de signes religieux - Québec solidaire ose aller à contre-courant », Benoît Renaud, Le Devoir (section « Opinions »), Montréal, 6-1-2009. (****)
    (****) http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/280500/port-de-signes-religieux-quebec-solidaire-ose-aller-a-contre-courant

    Dans ce texte, le Secrétaire général de QS s’en prend d’une manière virulente à la majorité des citoyens québécois attachés aux valeurs modernes de la laïcité de l’État et de l’égalité des femmes et des hommes, en les traitant de « fanatiques de la laïcité » et en insinuant qu’ils seraient de ce fait « racistes », « xénophobes » et de plus « islamophobes » !

    Il s’agissait de contrer le point de vue de membres démissionnaires de QS, qui n’admettent pas que ce parti prétendument « progressiste » et « féministe », soit en faveur du port de signes religieux ostentatoires et éventuellement sexistes par les employés de l’État.

    Les accusations de « racisme », de « fanatisme », de « xénophobie », voire de « nazisme » ont déferlé sur le Québec moderne qui osait s’affirmer, avec la loi 101 en particulier. Il est intolérable qu’une organisation politique québécoise utilise le même type de propagande démagogique pour discréditer «la majorité des Québécois» [qui] considère que certains accommodements accordés récemment sont «déraisonnables» [extrait du texte de Monsieur Benoît Renaud publié par Le Devoir].

    ************

    J’ai aussi pris position, à ce sujet, d’une manière « vigoureuse » …, sur le site de Vigile :
    http://www.vigile.net/Contre-le-neo-maccarthysme-de
    http://www.vigile.net/Les-derives-de-la-CDPDJ

  8. Mario Jodoin
    Mercredi 13 janvier 2010 à 22 h 23

    @ Yves Claudé

    «Ce calcul électoraliste de QS n’est même pas « payant », et il est de plus irresponsable si l’on pense à l’avenir de la société québécoise !»

    Monsieur, vous pouvez être en désaccord avec la position adoptée par les délégués du dernier congrès QS, déplorer le ton et le contenu de la lettre de M. Renaud (que je n’ai pas aimés non plus), mais cette affirmation est injurieuse à deux titres.

    Elle insulte d’une part l’intelligence des délégués de QS qui seraient, selon vous, de bien piètres stratèges et témoins du climat d’insécurité actuel d’un grand nombre de leurs compatriotes. Elle les insultent d’autre part, et c’est selon moi bien pire, en insinuant qu’ils ne seraient pas capables de prendre une position controversée par conviction.

  9. Yves Claudé
    Jeudi 14 janvier 2010 à 01 h 46

    Monsieur Jodoin,

    Votre posture d’offensé sied mal à un parti qui vient très maladroitement de caractériser les citoyens et citoyennes progressistes du Québec comme étant des « racistes ». Cela vous permet d’éviter d’avoir à débattre d’orientations politiques fâcheuses, telles que la mise de l’avant de normes légales racialistes par des cadres de QS.

    Je n’ai pas remarqué que la charge de QS dans le Devoir contre la gauche québécoise ait été contredite par les deux leaders officiels du parti. On doit donc en conclure que le Secrétariat général de QS exprime la position du parti.

    Si cela ne relève pas d’une stratégie délibérée, on peut cependant constater que les propositions néo-tratitionnalistes et anti-modernes de QS lui valent la sympathie de la part d’islamistes qui se répandent en éloges envers ce parti (voir le forum du Devoir), alors que des citoyens et citoyennes de confession musulmane en sont nâvrés.

    Vous vous référez à « l’intelligence des délégués de QS » : sont-il plus « intelligents » que les autres citoyens ? Vous ouvrez là un débat qui risque de déraper et d’écorcher au passage quelques principes élémentaires de la démocratie. C’est la secte raélienne, et non pas QS qui associe la compétence politique des individus à leur « intelligence ».

    Cordialement

    Yves Claudé
    [email protected]

  10. Mario Jodoin
    Jeudi 14 janvier 2010 à 20 h 13

    «Votre posture d’offensé sied mal à un parti qui vient très maladroitement de caractériser les citoyens et citoyennes progressistes du Québec comme étant des « racistes » »

    Dans mon esprit, je peux difficilement être responsable de ce qu’un autre membre de QS a affirmé. Mais, quelque part, vous avez raison. Que je le veuille ou non, il n’est pas anormal que les effets des affirmations du secrétaire général de QS retombent sur tous ses membres, d’autant plus que sa lettre ne mentionnait pas qu’il écrivait à titre personnel, ce qu’il a fait dans un commentaire par après, mais bien tardivement.

    Il est donc difficile pour moi de reprocher aux autres de ne pas faire la part des choses quand sa lettre ne le fait pas. Si je ne peux pas le reprocher, puis-je au moins l’espérer ?

  11. Yves Claudé
    Vendredi 15 janvier 2010 à 01 h 48

    Monsieur Jodoin,

    Je comprends tout à fait votre malaise dans la présente situation, et je reconnais volontiers que vous n’avez pas à assumer personnellement le dérapage d’un membre de QS. Mais, tant que Monsieur Renaud représente QS en tant que Secrétaire général, et qu’il n’est pas désavoué par cette organisation, il n’est pas aisé, ni approprié de « faire la part des choses » : il conviendrait plutôt de s’interroger sur le fonctionnement, et sur les fondements idéologiques et éthiques de votre parti.

    Comme je ne suis pas « né de la dernière pluie », je dois vous avouer que ce type de situation me rappelle un peu trop les moments qui ont précédé l’éclatement du Groupe politique En Lutte (dont QS est en partie issu) au début des années 1980. Les questions des femmes, des gais, la question nationale, etc., remuaient en profondeur une organisation qui affichait par ailleurs un parfait calme de surface. Le comble fut atteint alors que la direction d’En Lutte a persisté pendant des semaines à défendre publiquement un de ses cadres, qui avait pourtant été formellement identifié comme un infiltrateur policier par les médias et les autres formations politiques …

    Il est vrai qu’il est difficile de se remettre en question, surtout lorsque, dans une économie politique bien comprise, on est - de droit commercial … ou divin -, détenteur de la Ligne Juste et de la Vérité.

    Par ailleurs, pour revenir à des éléments essentiels, et pour éviter que la question de la modernité politique du Québec ne s’enlise dans une désastreuse querelle qui opposerait les « islamophobes » (émergeant de la fantasmagorie politique de Monsieur Renaud …) et d’éventuels « islamophiles », il est nécessaire de rappeler que le projet du Québec moderne ne se constitue pas à l’encontre des citoyens issus de l’immigration, et encore moins à l’encontre d’une religion en particulier.

    Nous sommes ici dans un contexte de modernité inachevée, avec le défi de compléter la laïcisation de l’État québécois, alors que le carcan politico-juridique de l’État « fédéral » canadien nous maintient sous une tutelle archaïque se référant « à la suprématie de Dieu » (cf la Charte canadienne).

    L’achèvement du projet moderne québécois implique d’établir clairement la neutralité de l’État, ceci incluant la neutralité des codes vestimentaires/corporels de ses employés et représentants, ainsi que de ses usagers dans un contexte institutionnel. Le véritable enjeu se situe dans le rapport entre les droits collectifs de notre société et d’autre part les demandes de privilèges individuels qui pourraient être de nature à porter atteinte à ces droits collectifs.

    Si vous et votre parti mettez de l’avant les privilèges individuels au dépens des droits collectifs et des normes sociétales, il conviendrait que vous assumiez clairement cette posture à la fois postmoderne et néo-traditionnelle, c’est-à-dire à la fois antisociale et archaïque !

    Yves Claudé – immigrant, et citoyen du Québec moderne
    [email protected]

    Éléments complémentaires:
    http://www.vigile.net/Contre-le-neo-maccarthysme-de
    http://www.vigile.net/Les-derives-de-la-CDPDJ

  12. Mario Jodoin
    Mardi 19 janvier 2010 à 01 h 49

    @ Yves Claudé

    Je constate que votre commentaire a été en modération quelques jours… Ne vous en faites pas, j’en ai déjà eu un en modération pendant quelques semaines… Le truc est de scinder son commentaire en plusieurs envois.

    Quant à En lutte (ou au PCO), je m’en suis toujours tenu à l’écart, bien que bien de mes proches y ait adhéré(s). Si plusieurs membres de QS sont en effet issus de ces mouvements, je peux vous assurer que le fonctionnement, les positions et les objectifs s’en éloignent considérablement. Cela s’applique aussi au concept de la ligne juste. Dans les mouvements autoritaires que vous mentionnez, la dissension aurait été réprimée fissa. Ce qui ne fut pas le cas, et j’en suis fort aise.

    J’espère que la lettre des porte-parole publiée ce matin (bon hier, il est tard…) dans le Devoir aura su clarifier la confusion engendrée par la maladresse de la lettre précédente. Je ne pense pas qu’elle vous convaincra (et suis même certain du contraire !), mais espère qu’elle aura su au moins permettre que le débat se poursuive de façon plus respectueuse.

    Je vais scinder ce commentaire et poursuivrai dans le prochain…

  13. Mario Jodoin
    Mardi 19 janvier 2010 à 01 h 50

    @ Yves Claudé

    (suite)

    Je suis bien d’accord que l’appui de la laïcité n’est pas comme telle une attaque contre l’immigration et les membres des communautés qui en sont issus. J’espère que la lettre des porte-parole aura su effacer toute ambiguïté à ce sujet. Il n’en demeure pas moins que des partisans des deux options en présence font preuve d’intolérance, voire d’extrémistes. Je suis en profond désaccord avec le contenu de certains commentaires qui semblaient nous appuyer, comme je suis certain que vous l’êtes avec certains qui nous critiquaient.

    Certaines personnes qui ont écrit dans le Devoir pour appuyer notre position n’avaient manifestement pas compris que la position que nous avons adopté n’exclut pas l’interdiction du port de signes ostentatoires pour les postes où ce port irait à l’encontre du devoir de réserve des fonctionnaires. On peut bien sûr nous reprocher de ne pas avoir précisé ces cas, mais nous avons convenu que le sujet méritait un examen approfondi. Notre prudence et notre souci de ne pas tout couler dans le béton de façon précipitée semblent pour l’instant s’être retournés contre nous. Mais nous prétendons que cela nous permettra d’arriver à une position plus réfléchie.

    Je terminerai en précisant que les droits collectifs ne peuvent faire autrement d’affronter les droits individuels. On ne peut prétendre harmoniser complètement des droits antagonistes. La question est toujours de tracer la ligne entre ces droits. Nous l’avons placé à un endroit, vous à un autre. C’est pour moi sur cette question, entre entres, qu’il faut poursuivre le débat.

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